Je suis descendue à 6000 frcs mensuels car j'ai fait une quatrième erreur.
Quand mon père m'a proposée de "m'installer" enfin CHEZ MOI, je n'ai pas refusé, bien sûr. Il donnait la moitié, 800 mille francs, c'était un beau cadeau.
Mais l'erreur est qu'en déménageant, j'ai changé de numéro de téléphone. Or, depuis mes déboires au Panorama, je travaillais essentiellement free-lance pour plein d'autres sociétés et comme mon book était énorme, on m'appelait volontiers. Le bouche à oreille fonctionnait bien.
Donc, même enceinte, cerclée et allongée, il m'arrivait de refuser du taf car je gagnais encore largement de quoi vivre sans trop me fouler.
Je ne croisais le père de ma fille que très occasionnellement, au Pano, une fois par mois, histoire de toucher mon chèque, aller-retour allongée en taxi, le ventre de plus en plus tendu et douloureux.
Je ne lui ai jamais demandé d'argent. Il me saluait poliment :
— Bonjour Catherine
— Bonjour Francis
Les réunions des labo se déroulaient chez moi, dans mon appart loué 7500 francs mensuels à Montparnasse. Ils étaient tous très compréhensifs car je travaillais vite et bien. Je ne me plaignais de rien, trop heureuse que ma fille tienne. Je les recevais en pyjama mais cela ne les choquait pas outre-mesure, vu mon état.
J'ai accouché seule le 26 octobre 1996 de Marie-Charlotte. Je n'ai pas vue ma mère de toute ma grossesse. Seuls mon père, mon petit frère Pascal et son épouse Marianne se sont donnés le mal de me visiter au lit.
L'argent rentrait convenablement car les labos te paient trois fois plus que les canards à la pige et il me restait encore un peu de Pano, de JAMIF (mon ami Jacques), et d'AIM (mon ami Frank).
Quand je suis devenue "proprio", dès le 16 mai 2000, je n'ai plus reçu d'appels des labos. Pour cause, ils ne savaient où me joindre.
Là, je suis retombée dans la vraie dèche. "Proprio" certes, mais incapable de payer mes charges et les impots fonciers. Je me suis trouvée dans l'obligation de prendre des crédits. En 2002, j'étais couverte de dettes.
J'ai alors pensé que mon père faisait toujours les choses à moitié. Comme quand j'étais petite. Il t'offre une poupée Barbie (et encore, une fausse, made in Taiwan), mais pas les fringues qui vont avec, ni de lit, ni de toît.
J'ai payé mes impôts de l'an précédent (énormes, en 24 mois).
J'ai accepté l'aide de deux hommes aux moments les plus délicats. C'était ça ou l'interdiction bancaire.