Simon a défoncé le fauteuil

Ah, Simon rue dans les brancards !

Quand je suis rentrée hier (samedi 12 janvier) at home, avec Bogoss et nos casques sous le coude, j'ai trouvé mon Simon assis dans son lit, muet, la chaise de son bureau allongée par terre.

Je n'étais partie qu'une nuit dormir chez Bogoss. Après un bon resto vendredi soir (l'italien à la demi pizza végétarienne), et un Mac Do sur le pouce samedi midi (qu'est-ce qu'il m'engraisse, cet homme !), nous avions été visiter Mathieu dans son nouveau studio, à Neuilly, puis mon papa dans le seizième arrondissement de Paris. Beaucoup de moto, donc, retour chez moi, fourbus. Et toujours le pied cassé. Moins douloureux, certes, je remarche sans clopiner, l'odème dégonfle, mais je me ménage. Pas demain, la Samaritaine, pour installer Bogoss dans sa nouvelle demeure, pas demain, les tissus rares pour ses rideaux dénichés au Carreau saint-Pierre. Bref. J'suis pas encore au top de ma motricité.

Sim arborait sa tronche des mauvais jours, je n'ai pas insisté. Outre sa chaise renversée, des petits bouts de paille au sol, dispersés ça et là sur la moquette sombre de sa chambre. Qui venaient d'où ?

Simon avait défoncé le fauteuil en paille tressé Habitat. D'un coup de boule ? D'un coup de pied ?
J'étais absente...

La prochaine fois qu'il piquera sa colère... Je crains pour Lulu, Pépète ? Et pourquoi pas Marie-Charlotte ?

J'ose plus passer une nuit à Courbevoie.

Simon ne m'épargne pas sa sale période (15-18 ans) et malgré tout l'amour, et le respect, que je lui dois, il commence à me les hacher menu.

J'ai l'impression de revivre avec son père !
Ils se ressemblent physiquement comme deux gouttes d'eau, mais je trouvais son père très beau, le blem, il est pas là.

J'en ai ma claque de ses crises de violence. Tant Mat est devenu doux et gentil, tant Simon abuse de ma patience.

Je sais ce que représentent ses études, les prépa maths sont hard. Deux ans, voire trois à suer sur ses copies, imbitables, des horaires de ouf, même le samedi. Je sais, j'ai vu mon fère Pascal péter les plombs et ça saignait bien bien.
Il se défoulait sur sa batterie, dessinait (avec un certain talent) des pages et des pages de BD sanglantes.

Mais merde !

Régulièrement, Sim me flingue un truc : il envoie de grands coups de poings rageurs sur le mobilier, que je remplace, et après il s'étonne que j'ai plus de thunes pour payer sa cantine.

Même pas trois semaines de cela, il a rageusement balancé les trois télécommandes (magnétoscope, télé, Playstation) sur l'écran de la télé !

Et un peu plus, s'il avait mieux visé, elle explosait !

Ras le cul, de leurs crises d'ado ! Je reste compréhensive, mais tout de même !

Il s'agit de mon mobilier, de mes animaux, de ma fille encore petite ! Il me fout les j't'ons, ce con !

J'ai pas le droit de m'absenter 24 heures ? (pour visiter, de surcroît, mon autre fils et mon papa ?...J'suis pas aux putes...)

Je me marre pas... J'vais pas sur la grand roue de Disney Land la bouche pleine de barbe-à-papa.

Sim me reproche de ne plus travailler, de manquer de thunes, de ne pas pouvoir, ce trimestre-ci, participer à plus de 50% de sa cantine. Désolée, mais Bogoss m'aide à hauteur de 100 euros, moi, je peux 25, son père radiologue DOIT assurer les 125 qui manquent, bordel de merde, il roule sur l'or !!!

Il voulait pas tanner son père pour 125 euros, il m'a donc flingué le fauteuil Habitat à Deux cent !

Vachement gagnante !

Je ne suis pas allée le consoler, pourquoi ? L'inverse... J'en avais rien à foutre de sa détresse.

Marie, toute mignonne, tâchait de nous réconcilier. Aller et retour du salon à sa chambre ( la chambre de Simon : 20 mètres carrés, jolie et propre, ordi portable, la free..)

Moi, j'étais trop claquée, les beaup', l'aîné, mon père...

J'arrive, de la paille partout et le fauteuil défoncé !!!

Parce que je ne peux pas payer sa cantine dans l'intégralité, un fauteuil à 200 euros foutu ???

FAUT QU'IL SE METTE L'AXIOME DANS LA TETE, UNE BONNE FOIS POUR TOUTE :

JE N'EXERCERAI PLUS JAMAIS LA MEDECINE.

JAMAIS.

Tu as raison ma chérie, ce que tu as écrit est parfait.

Je suis la pour te soutenir dans les moments difficiles, tu sais que tu peux compter sur moi.

Sim s'est donc tapé le Rv obligatoire chez son père et la Yoyo. Il est parti sur le coup de vingt heures, après avoir abondamment pleuré.

Marie quémandait ma clémence. Mais désolée, un fauteuil foutu, même si mon cadet pleure, je l'accorde pas.

Bon vent ! LA PAIX !

Il veut du fric or j'en ai plus.

Faut bouffer des couleuvres pour en obtenir, du fric, je sais de quoi je parle.

Qu'il apprenne un bon coup la vie.
J'en ai gagné des masses, des thunes, du temps de ma splendeur, mais maintenant j'en ai marre, plus que ras le bol de ramer.

Moi, à son âge, j'avais déjà ma chaine HIFI Sansung, je travaillais la nuit, le jour, tout le temps...

J'ai mal au pied, j'ai mal au dos, j'ai mal aux tripes, le 23 janvier 47 ans !

Je les ai portés à bout de bras, seule, ces trois enfants...

J'aspire à m'occuper, maintenant, de moi.

A me soigner, à retrouver la pèche si c'est possible.
Sinon, le sapin, bientôt, or je le mérite pas.

J'ai accompli mon devoir de mère plus de 25 ans, sans jamais faillir.

Ils n'ont rien à me reprocher. Je veux me reposer un peu et jouir de Bogoss, de son épicurisme, de son optimisme.

Enfin un VRAI rayon de soleil !

Dormir de vraies nuits. Manger avec plaisir. Rire. M'éclater au plumard.

Bruyamment.

Tu as mille fois raison ma chérie, la vie est trop courte pour ne pas s'occuper de soi-même, tu as fait et tu fais tout ce que tu peux et j'en suis témoin.

Tes problèmes, je les ai connu avec mon fils ainé, David et pourtant aujourd'hui, il n'a jamais été aussi près de moi, par son amour et sa réussite, celà prouve que malgré mes erreurs ( qui n'en commet pas?), je suis un bon papa.

Continue et tu verras que tu auras un retour un jour, tu le mérites.

Ben oui, mais il se passe un truc nouveau... J'suis amoureuse (enfin)
d'un homme solide.

Or Simon ne connaît pas le cas de figure. Malgré sa dextérité en maths, il a pas l'équation.

Très complexe.

Il ne m'a jamais vue comme ça, avec le même.

DIX SEPT ANS, mon chéri....

que je fornique en douce sans aucun projet d'avenir sentimental, sans construction.

Moi aussi, ça me fait drôle.

JE VOULAIS PLUS

M'investir ?

Oui, on peut résumer comme ça.

Un ENORME bouleversement...

Pour mes trois enfants.

Et pour moi, leur mère, bien sûr.

Je le comprends ma chérie, avec Simon il faudra un peu plus de temps, mais tu verras, avec le temps tout finira par s'arranger, il est certes difficile d'être patient.

Il finira par trouver la bonne équation !!

Je suis très fatiguée, chéri.

Je sais, et il a de quoi.

Repose toi un peu maintenant, je viens vers 19h00, si tu dors, je ne te reveille pas avant 20h00.

Je t'aime.



On a prévu un bon repas. Simon vient de rentrer tout contrit.

Il me peine, il s'en veut.

Tout roule sauf moi.
Je respire mal.

Je vais tâcher de dormir une heure.

Les moules marinières... Hmmm

J'espère pouvoir les cuisiner, Simon est calme.

On verra bien.

Non, c'est un peu trop facile, à chaque fois tu morfles un maxi et c'est toi qui en respire mal, tu n'as rien à te reprocher, rien, tu fais le maxi, tu ne peux en faire plus.

Si tu veux que je vienne plus tôt, il n'y a pas problème ma chérie, dis moi ce qui t'arrange.

Je t'aime.

On va y arriver.

Bien sur que nous allons y arriver, je suis confiant.

Je viens vers 19h00, ok?

Reste optimiste mon Amour,

Je t'aime comme celà.

A ce soir.

On va bien bouffer.. Hummm.. Des moules mariniènes.. Vin blanc, crème fraiche, échalottes...

Mais je trouve la vie dure quand même.

Heureusement qu'y'a la bouffe et la baise.

(Et je n'écoute pas les infos.. Là, c'est le fusil dans la gorge).


Comment faites vous pour être heureux ?

Tu sais que malgré les embuches de la vie, je suis un optimiste de nature,
nous allons nous régaler ce soir.

Bien sûr la vie est dure, il y a toujours plus malheureux, mais je suis un battant, malheur à ceux qui se mettent en travers de ma route et à ceux qui voudraient te faire du mal ( je ne parle pas de nos enfants bien sur ), et la je n'ai aucune pitié, je ne frappe pas les femmes mais quant aux hommes, c'est une autre histoire, oeil pour oeil, telle est ma loi.

Je pars dans 20 minutes.