Michel Serrault est décédé dimanche dernier, 29 juillet 2007, à l'âge de 79 ans après une carrière riche de plus de 150 films.
L'acteur, adoré du public français pour ses incarnations les plus burlesques comme les plus inquiétantes, avait débuté sa carrière au cabaret en duo avec son camarade Jean Poiret.
Son premier grand succès public, il le doit au personnage de Zaza dans "La cage aux folles", qui lui valut aussi un César en 1979 lorsque la pièce fut adaptée au cinéma.
C'est à 50 ans, que cet acteur, jusqu'alors cantonné dans les seconds rôles, devint en campant au théâtre une inoubliable et irrésistible Zaza Napoli, chaussures à talons aiguilles, chevelure bouclée, faux seins, rouge à lèvres et ongles vernis, un des acteurs français les plus populaires.
La pièce de théâtre (écrite par son comparse Jean Poiret), adaptée au cinéma, attira plus de 5 millions de spectateurs et remporta également un énorme succès aux Etats-Unis et fut trois fois nominée aux Oscars.
Il obtient un deuxième César trois ans plus tard pour un rôle beaucoup plus sombre dans "Garde à vue", de Claude Miller. Le rôle de Pierre Arnaud dans "Nelly et monsieur Arnaud", de Claude Sautet, lui vaut son troisième trophée.
En plus de cinquante ans de carrière cinématographique, Michel Serrault a travaillé notamment avec Bertrand Blier, Pierre Tchernia, Chabrol, Zidi ou Jean-Pierre Mocky, dont il fut un des acteurs fétiches.
Après avoir brièvement fréquenté le séminaire avec l'intention d'entrer dans les ordres, Michel Serrault intègre l'école de théâtre de la rue Blanche. Il fait ses premiers pas au cinéma en 1954, dans "Ah! les belles bacchantes", de Jean Loubignac, après avoir intégré en 1949 la fameuse troupe des "Branquignols" de Robert Dhéry .
Un an plus tard, il interprète un rôle plus inquiétant dans "Les diaboliques" de Henri-Georges Clouzot.
Pendant 20 ans, il a accumulé les rôles plus qu'il ne les a choisis véritablement. Les navets, il les appellait "mes exercices de style". "Mes auditions, poursuivait-il, je les ai passées à l'écran". Cet homme au physique de monsieur-tout-le-monde et au caractère fougueux,
cabotin, provocateur, franc et chaleureux répétait que le principal souci dans son métier était de ne pas ennuyer le spectateur.
Tout au long de sa carrière, il a accumulé une impressionnante galerie de portraits, alternant comédies et polars, multipliant les rôles de commissaires et de bandits, incarnant l'inquiétant docteur Petiot ou le froid professeur du crime d'"Assassin(s)", de Mathieu Kassovitz.
Au théâtre, on le remarque notamment dans "L'Avare" (1986, dirigé par Roger Planchon) et dans "Knock" (1992, mise en scène de Pierre Mondy). "Si on n'a pas d'intention intérieure, les mots ne veulent rien dire. Je voudrais être un passeur, un messager. Je suis contre les acteurs qui se disent humbles serviteurs de l'auteur", disait-il de son métier.
Avec sa femme Juanita, épousée en 1958, ils ont eu deux filles, l'aînée se tuant en 1977 dans un accident de voiture. N'ayant jamais cessé d'être croyant, il restait fort pudique sur sa vie privée. Il passait beaucoup de temps dans sa propriété du Perche et sa maison de Neuilly-sur-Seine où on pouvait encore récemment le voir, en soirée, promener paisiblement son chien.