Pourra-t-il me reséduire ?

Depuis hier nuit, je ne dors plus avec Bogoss. Je n'en ai pas envie, ni chez moi, ni chez lui.
Le RMI qui se profile, pas sûr que j'y ai droit (trop "riche"), mes lignes, les lignes de mon dernier roman, ce boulot de titan, mes enfants, mon père qui m'énerve à me trouver belle alors que je casse pas des briques en ce moment : j'ai mal au dos, j'ai mal partout, Bogoss me prend trop brutalement, il me couvre de bleus et me bousille les reins.
Et mes deux animaux qui n'apprécient pas que je les abandonne pour courir le guilledoux.

De retour chez moi, je me soigne (les lombaires et les cervicales). Dès demain, balnéothérapie avec ma fille à cinq minutes de chez nous, piscine olympique, ça va me décontracter en douceur. Et gratuitement grace à la carte Paris Famille.

Lui fantasme sur des massages en institut à 150 euros de l'heure ! Quel doux rêveur ! On vit pas dans le même monde !

Sa folie des grandeurs commence à me casser franchement les couilles car il assure pas un iota. Six mois, demain, sept, qu'il me traine en bateau avec ses beaux projets. Demain, demain...

Mais oui, mais oui...
Et qui qui va se retrouver dans la grosse merde le premier avril ?
bibi !

Il est temps que je retombe sur mes pieds (sur mon pied maintenant guéri, Dieu merci).

Je ressens beaucoup d'émotion à corriger les passages qui parlent de notre rencontre, et de la suite. J'y croyais dingue !
Je ne le vois plus comme un surhomme, ce type si magnifique, qui m'a bien bien blufflée. L'extra-terrestre !

Non, je vois qu'on commence à croûler sous les problèmes de fric, une routine et des répétitions, même de langage.

Je ne doute pas de son amour pour moi, mais ... J'ai toujours douté du mien pour lui et les faits me le confirment, j'avais raison.

Il m'a récupérée, l'Arsène. En un tournemain, j'suis épatée. Quelques appels itératifs, gentils, je pleurais hier de douter de lui, il s'est pas énervé, confiant.
Est venu dîner, rester dormir.

Il m'a massé le bas du dos (première fois, d'habitude, c'est mon rôle, j'aime bien, son corps est beau et doux) et après quelques étirements, a dénoué le truc qui me bloquait. Miraculeux ! Il m'a prise avec moins de passion, tout en douceur. Délicieux !
Et m'a déposée ce matin, en camion, au centre d'action sociale de mon quartier, pour la demande de RMI. Puis m'a raccompagnée at home. S'est avalé un bon p'tit dej dans le troquet d'en face tandis que je plaidais ma triste cause devant une jeune femme compatissante.

J'y étais déjà passée hier, à pieds, m'étais pointée à 14 h 45 (les horaires : 9-16h30), la blague : "exceptionnellement", l'assistante sociale désertait les lieux à 14 h 50, ne pouvait donc me recevoir "revenez demain, 9h". Chou blanc et sur le trajet du retour, j'ai réalisé que j'avais vraiment mal au dos. Un point précis en bas à droite.
Thierry m'a bien soignée, en revanche, mon épaule gauche est toute griffée (hi hi).
Je vais avoir l'air fine, dans mon maillot, à la piscine.

avec tout vos avoirs mobiliers cumulés..
j'en ai la LA NAUSEE.....

Myster, nous sommes de vrais pauvres et de vrais riches.

Bogoss ne dispose que de deux cent euros pour finir le mois. Il va pas virer sa maman de sa propriété en Provence ?
C'est tout à son honneur que de ne pas la vendre et d'y héberger sa maman.

Je vais pas tuer mon père non plus pour toucher le blé.

Il est propriétaire, moi héritière.
Mais en ce moment, on se bataille sur les clops (touche pas à mon paquet !).
On sait bien que papa va mourir bientôt mais je ne m'en réjouis pas.
On sait bien que sa maman va lui rendre son bien, mais il s'en réjouit pas.

On les aime, ces gens-là. On est mal.
Perso, je souffre à donf.

Ma récompense : le million... que va me léguer papa. Mais en échange de quoi ?
De son décès.
Je n'aurai plus mon p'tit papa pour me consoler, m'écouter, me lire, me flatter, m'encourager.

Je ne veux pas qu'il meure, je m'y oppose.

Je ne travaille plus, soit, je me consacre à l'écriture. Je ne peux accepter un job à moins de 45 OOO ANNUELS, désolée, c'est ce que je vaux. Inutile d'insister, maintenant, j'écris, je peaufine, je ne bâcle plus mes textes perso.
Si je m'en sors avec le RMI et les allocs, why not.

Trente ans que je m'oblige, que je m'adapte aux contingences (trois enfants à charge).
Là, c'est fini, la médecine, ras le bol. Révolte. Le p'tit soldat en a sa claque, maintenant, j'écris, quitte à finir dans une chambre de bonne, avec ma fille et chiottes sur le palier.

Si tu voyais l'état de mon Larousse ! En six parties, il est. Complètement démantibulé. Un neuf ? Bof. Je me suis attachée à celui-là.
M'en fiche si mon clavier ne sait plus faire (il sait plus faire, pour les dialogues, j'ai pas la frappe, introuvable, l'espace après le point d'interrogation ou le point d'exclamation, j'ai pas), m'en fiche. Je fais copié collé sur les fonctions qu'il n'assure pas.
Mon matos est gravissimement nul, je suis vénère. Je postule, à bac plus onze et vingt ans d'expérience, au RMI. La honte !

Ben non, J'suis écrivain et j'ai du taf, sur vous, sur moi, je raconterai mon RV avec la tuteur la semaine prochaine.
Y'a que ça qui me fait bander : raconter.