Papa est atteint de la maladie d'Alzheimer

Ma mère était juste sortie pour aller chercher les dernières analyses de papa, au labo du coin. On lui surveille son taux de prothrombine et son INR (termes médicaux peu faciles d'accès pour un néophite mais qui se traduisent par : son sang coagule-t-il trop ou pas assez ?)

Papa n'a pas que la maladie d'Alzeihmer, il est cardiaque aussi. L'une de ses valves à l'intérieur du coeur ne fonctionne plus correctement, la mitrale, celle qui se trouve sur le chemin de l'irrigation du cerveau. Le risque principal dans cette pathologie est qu'un caillot se forme au niveau du coeur et qu'il soit envoyé dans le cerveau et bouche l'un des vaisseaux. Ce risque s'appelle : l'accident vasculaire cérébral ischémique. Je pense que papa en a déjà fait deux, de ces AVC, depuis le début de l'année, d'où ses deux chutes dans la rue, en mars et mai.
Le traitement repose sur les anticoagulants, pour fluidifier le sang, mais s'il en prend trop, il risque alors l'hémorragie.
C'est pourquoi, une fois par semaine, une infirmière vient lui prélever du sang et envoie le tube au labo qui juge sur le taux de prothrombine (une protéine de la coagulation) et l'INR (un rapport mathématique).

Ma mère redéboule donc avec les analyses et me les tend d'emblée, agressive :
— Tiens ! Puisque tu suis le dossier médical de papa.

J'ai regardé, y'avait aussi sa numération formule sanguine : Les globules blancs, les globules rouges et les plaquettes. Tout allait bien de ce côté. Il n'est ni anémique, ni infecté, ni leucémique, ni thrombopénique.

Mais l'INR m'a un peu embêtée, car il devrait être à 2,50 tous les jours de la semaine, or, le 31 juillet, je lis : "2,17" et le 7 août : "3,45".

3,45 signifie qu'il prend trop d'anticoagulants.

Et ce mardi 14, l'infirmière n'était pas venue le prélever...

Tandis que je me concentrais sur ces chiffres, j'entendais en voix off ma mère parler avec Bogoss. Elle riait fort :
— Ah, vous êtes fils de toubib... Moi aussi, mon père était chirurgien..
— Votre fille est merveilleuse
— Faut pas la prendre à rebrousse-poil...
— Je n'ai aucune inquiétude...
— Et vous faites quoi, jeune homme ?
— Je suis dans le buziness de la porcelaine
— Moi aussi, dans ma boutique, j'ai également de très beaux vases anciens en porcelaine, de l'époque Ming.... (Qu'elle n'a jamais vendus...)


Des bribes de phrases qui n'avaient rien à voir avec papa. Ma mère se mettait en avant, comme d'hab, en crânant. La moutarde me montait au nez doucement. Papa concentré sur ses madeleines molles, j'avais plus qu'une envie : quitter les lieux dare dare.

J'ai résumé l'état des lieux de la santé de papa :
Selon le Dr Kti : trop d'anticoagulants : risque d'hémorragie.
Pas assez de diurétiques : risque d'oedème aigu du poumon.

J'ai demandé à ma mère :
— Pourquoi n'as-tu pas accompagné papa à sa visite chez le cardiologue le 2 août ?
— Une visite chez le cardiologue ?
— Ben oui, Ste Perrine l'avait convoqué mais Annie n'a pas pu s'y rendre car il fallait un membre de sa famille.
— Ah, le 2 août ?
— Oui, maman, tu es parfaitement au courant, le 3, Annie m'a dit que tu t'étais desistée car fatiguée.
— Je suis malade aussi
— Ah oui...

(Pas pour aller pleurer chez les responsables du portefeuille d'actions... J'ai pas osé enfoncer le clou, mais ma mère n'est "malade" que lorsqu'il s'agit de s'occuper de papa).

— Par ailleurs, ai-je insisté, pourquoi l'infirmière n'est pas venue faire la prise de sang de papa
aujourd'hui ?
— Je n'en sais rien, m'a répondu la mère.
— Par ailleurs, pourquoi n'est-il suivi QUE par un généraliste, alors qu'il lui faudrait un cardiologue ?
— ...
— Je peux passer tous les trois jours pour lui ausculter les poumons. Je suis habilitée à le faire. Mais il me faut un stéthoscope. Il faut que tu achètes un stéthoscope et je passerai volontiers tous les trois jours.
— Un stéthoscope ???

Et là, je l'ai vue devenir blanche, la garce ! Ca vaut 200 euros maxi mais non... Pas prête à le payer...
J'ai insisté et insisté, exprès : grâce au Dr Kti, papa disposait d'un médecin compétant qui pouvait le surveiller de près, mais le stéthoscope (un petit appareil de 20 grammes qui relie les oreilles du praticien au corps du patient), non, non...
Ecoeurée, à la limite de la gerbe, j'ai intimé à mon Bogoss :
— Allez, on se casse d'ici, là, ça suffit !

Ma mère, trop contente de changer de sujet, s'est exclamée :
— Vous n'avez pas eu trop de mal à trouver où vous garer ?

(Le rapport avec le stéthoscope, je le cherche encore).

— Non, "maman", on est venus en moto
— Ah "MOI" je fais du cheval... A 78 ans ! Vous réalisez ?
Elle minaudait comme une gamine et c'était pitoyable.

Toutes ses réponses commencent par "MOI"...

Elle l'a tout de même flatté, mon Bogoss, avant qu'on parte :
" Tu as de la chance Cathy : il est beau, il est grand, il me semble très intelligent... Tu as tiré le gros lot "
— Il était temps, j'ai répondu, il me fallait Batman pour prendre la relève de papa.

Et vite on a filé, non sans avoir salué Annie, d'un regard entendu.

J'ai appelé le 16 août le labo qui suit papa.
Je suis tombée sur un charmant médecin biologiste (un confrère, donc) mais qui remplace lui-aussi. A la fin du mois, je n'aurai plus affaire à lui.
3,45 d'INR ne l'alarme pas trop... Un peu élevé, comme chiffre, mais bon, avec les personnes âgées...

Tout le monde s'en fout, en fait, de mon pater. Il a des "pieds de vieux", il a un "INR de vieux", à 84 ans, il est bon pour la casse et ça me révolte.
J'ai appelé Annie dans la foulée.

L'infirmière n'est pas venue le 14 car les prises de sang ont été espacées. Quatre seulement ont été prescrites, sur quatre semaines. La prochaine est prévue pour le 21 août.

Quinze jours sans surveillance, donc. Le Dr Kti s'est sentie bouillir. D'autant qu'il n'y a aucun contrôle de sa fonction rénale alors que papa, l'an dernier était insuffisant rénal. De surcroît, il est hyperuricémique et sujet aux crises de goutte. Pas de contrôle de l'uricémie...

C'est QUOI CE BORDEL ???

Evidemment, un vendredi à 18 heures, la remplaçante du généraliste qui suit papa était déjà en goguette.
"Laisser message sur répondeur ou tel au 15, le SAMU".

Je l'aurais tuée !!!

Bogoss m'a accompagnée hier soir chez papa.

Nos retrouvailles, Bogoss et moi, après trois jours de séparation, ont été torrides. Il a déboulé chez moi à 21 h 30 mercredi 22 août, archi trempé malgré sa combinaison de pro, après 750 km non stop.

Il m'a honorée une bonne partie de la nuit puis est reparti après le p'tit dej, j'ai besoin de calme pour écrire. Il me respecte. Il part puis revient, à ma convenance.

A 19 heures pétantes jeudi 23, la moto, de nouveau direction le quartier de mon père. J'aime la vitesse, autant que lui, je jouis à l'arrière. Je bénis sa moto de mon foutre.

On a sonné et Léontine nous a ouvert. Ma mère s'est précipitée sur son sac, j'ai même pas eu le temps de la regarder en face, elle a crié :
— Salut ma fille !
A embrassé mon mec sur les deux jours puis elle s'est volatilisée.

Papa, comme d'habitude, était attablé devant la télé. Pour le dîner, cette fois mais comme il est très lent, à peine il a fini le goûter qu'on lui sert le dîner.

Des p'tits croutons (les cailloux) et une soupe de légumes en brique que j'ai trouvée vilaine, peu ragoûtante, elle sentait le synthétique. D'ailleurs, il s'en est plainte :
— Toujours pareilles, ces soupes, le soir... Ca va toi ??? Tu as bonne mine.
— Oui ça va mon chéri.

Je suis partie aller chialer dans la salle de bain. J'peux pas me retenir.

— Ah fait pas beau, pas beau... S'est-il prononcé à mon retour
— Ben oui, mois d'août pourri
— Ah il fait pas beau, pas beau
— Non, papa, il ne fait pas beau, mange
— Mais ces soupes, j'en ai marre... En plus, elle est froide.

(Elle était chaude).

— Ca va toi ? Me redemande-t-il
— Oui, très très bien, papa
— Et tes filles, elles vont bien ??? Elles sont mignonnes.
— Je n'en ai qu'une papa.
— Ah fait pas beau, pas beau du tout

Je suis repartie chialer dans la salle de bain.

Bogoss était classieux, témoin, muet, assis sur le fauteuil qui jouxte celui de papa. Il n'intervenait pas.
Mais j'ai tout de même demandé à Léontine de varier les repas du soir de papa car il n'a pas touché à la soupe. Dans le frigidaire, y'avait du frais : des carottes, un concombre, des yaourts, de la dinde sous vide, des côtes de porc sous vide.

Papa n'a grignoté, très lentement, que les croutons de son dîner. Les yeux fermés.

Les 45 minutes qu'on est restés, Bogoss et moi, il a mangé les yeux fermés. Il avait une sale mine et le fauteuil orthopédique restait plié à proximité. Annie et la kiné ne sortent papa que trois minutes par jour, à pieds, il fait le tour de l'église et c'est tout. Ce fauteuil ne doit pas servir car ma mère compte le rendre.

J'ai appris par Léontine qu'elle avait viré Maguerite, une aide du week-end que je n'ai pas eu le temps de rencontrer.
Elle vire les nounous comme ça lui chante et elle compte se débarrasser du fauteuil.

Mon frère en vacances, mon avocate en vacances, j'ai peu de moyens d'action.

Juste conseiller à Léontine et à Annie de lui cuisiner des plats plus sympas le soir : tomates/mozzarella, melon/jambon de parme, artichaut/vinaigrette, betteraves/carottes rapées...

Bogoss m'a invitée au restaurant, mais j'ai chialé sur ma pizza. Tout le repas, quasi.

La moto m'a requinquée, et puis ses bras, ensuite, au plum'.
Il m'a prise en puissance, on a joué aussi et j'ai tout oublié.

J'ai attendu le 3 septembre, le retour de vacances du médecin traitant de mon père (généraliste), pour qu'il adapte davantage les analyses sanguines à son état.

J'ai demandé à ce que les contrôles de coagulation redeviennent hebdomadaires, car sur le dernier résultat, l'INR était descendu à 1,49, mon père n'était donc plus suffisamment anticoagulé.
J'ai demandé une surveillance hebdomadaire de sa créatininémie et une clairance de la créatinine, pour avoir une idée de l'évolution de son insuffisance rénale, et un dosage d'acide urique, pour suivre sa goutte.
J'ai également demandé un dosage hebdomadaire de la digoxinémie, car du fait de son insuffisance mitrale, il est sous digoxine, un tonicardiaque hyperpuissant.

La semaine suivante, quand je suis arrivée avec bogoss vers 17 heures, mon père faisait la sieste car il ne dort plus du tout la nuit.
Selon Annie, il mangeait bien, son état était stationnaire. Les bonnes nouvelles : le médecin traitant était passé le matin même avec l'ordonnance demandée ("exigée"). Le podologue aussi.
Les mauvaises nouvelles : plus aucune nouvelle du cardiologue, et le fauteuil roulant de sortie avait été rendu par ma mère.

Autre bonne nouvelle : mon frère Pascal et son épouse étaient venus le visiter la veille, ils étaient donc rentrés de vacances.

Je suis repartie le coeur léger.

Hier, samedi 22 septembre, j'ai pris mon courage à deux mains pour y trainer bogoss, de repos ce jour-là.

J'avais très peur de comment j'allais retrouver mon papa. Une profonde angoisse de le voir davantage amoindri. Sans Thierry, je crois que je ne pourrais plus m'y rendre, même s'il le faut.

J'en rêve toutes les nuits, de mon père, malgré les bras délicieux de mon mari.
Je le rêve en cachexie totale, j'anticipe, je me réveille en sueurs. Je vois des choses atroces, des images fortes, quasi insoutenables.

J'ai appris en médecine l'évolution inéluctable de la maladie d'Alzheimer, des vidéos m'ont été imposées. Avec de vrais patients filmés à l'agonie, dans leurs derniers instants.

Dans mes rêves, par moment, il est jeune et beau, comme lorsqu'il nous accompagnait au Pré Catelan... Par moment... Il est paralysé sur sa chaise roulante et bave, et vomit le sang.

La procédure de mise sous tutelle avance et c'est encore une épreuve supplémentaire.
Négocier avec une famille que je ne fréquentais plus depuis dix ans.

Alors j'ai de sérieux coups de barre. Sitôt le départ de mon Amour, le matin, il m'arrive de fondre en larmes dans mon bain.

Hier, à 18 heures, c'est Nassima, une nouvelle, marocaine et douce, avec laquelle j'avais déjà longuement parlé au téléphone, qui nous a ouvert la porte.

Pour une fois, papa n'était pas attablé, mais dans un fauteuil confortable, ses deux jambes maigres sous un plaid neuf, devant un film de cape et d'épée.

Son grand sourire à ma vue m'a tirée les larmes :
— T'es encore plus belle que d'habitude Kti ! Tu as bonne mine ! La casquette te réussit.

J'en avais marre de débarquer régulièment les cheveux plats après le casque, alors vu que le temps frileux commence à m'y autoriser, sitôt le casque ôté, hop, j'enfile ma casquette en cuir de Gavroche. Bogoss trouve aussi qu'elle me va bien.
— Tu portes le chapeau à merveille, Cathy, a continué mon père, il met tes beaux traits en valeur. T'es de plus en plus belle !
— Toi aussi, tu me sembles en forme.
— Moi, bof, j'entends plus rien et je ne vois plus rien.
Nous avonc échangé un regard profond, j'ai vu dans le sien toute la bonté et la détresse du monde. Je me suis caché le visage et changé de conversation pour parler avec Nassima.

Mon mari s'était assis à côté de moi, en face d'elle, donc :
— Il est très beau, vous ne m'avez pas menti, Cathy, il est vraiment très beau.
— Et très gentil, aussi, surtout.

J'ai crié à papa :
— Je suis heureuse de te revoir mais j'ai un papier à te montrer, une facture à payer : les taxes foncières que tu m'offres chaque année depuis l'achat de mon appart.
Il s'en est saisie, a commencé à se plonger dans sa lecture.

A la télé, un mousquetaire avec de grandes moustaches menaçait de son sabre un manant en cuissardes noires.
— Je les payais chaque année ?
— Oui, papa
Il s'est replongé dans sa lecture... Le manant resistait très nettement au mousquetaire.

Mon père a tourné les quatre pages recto verso dans tous les sens, comme s'il n'avait jamais vu d'avis d'imposition de taxes foncières.
Bogoss restait très calme à mes côtés, silencieux, mais présent. Je sentais sa chaleur m'irradier.

Y'avait un tip en dernière page. Mon père a dit :
— donne le stylo, je signe.

Mais le tip était à mon ordre. Impossible de lui faire comprendre que sa signature ne valait rien dessus.

J'ai dit :
— il me faut un chèque de toi et ensuite, je peux signer le tip.
— C'est comme ça qu'on fait d'habitude ?
— Ben oui, depuis sept ans : tu me fais un chèque et j'envoie le tip.
— Je te le signe volontiers, ton tip
— TU NE PEUX PAS, PAPA, CE TIP EST A MON ORDRE
— Parle plus fort, je ne vois plus, je n'entends plus.
— Il me faut d'abord un chèque de toi ! Y'a plus un euro sur mon compte.
— Un chèque ?
— Ben oui.
— Je ne vois plus, je n'entends plus, et je n'ai pas de chèque, on m'a tout volé.
— Je sais papa, mais qui a tes chéquiers ? Maman ? Pascal ? Philippe ?
— Quoi ?... Crie-t-il plus fort
— Non, laisse-tomber... Je soupire.
J'ai juste besoin d'un chèque de cette somme signé de toi.
— Je n'ai plus de chéquiers. Je ne sais qui les a.

J'allais encore chialer lorsqu'il a essayé de se lever :
— Je dois aller aux cabinets.

Nassima s'est précipitée, c'est alors que le plaid a glissé pour dévoiler les orteils violets de papa.
J'ai dû l'aider à le soulever, à l'extraire du fauteuil tant il était lourd. On l'a enfin conduit là-bas, à l'autre bout du couloir et juste avant que je ne quitte la pièce du caca-pipi, papa m'a envoyé son plus beau sourire :
— Ne t'inquiète pas, ma Cathy, tout s'arrange toujours.

Oui, mon Chéri, TOUT s'arrange toujours....

J'en ai chialé tout le resto réservé par bogoss.

Celui de notre première rencontre, de notre coup de foudre, le 22.07.07.

On fêtait nos deux mois, mais mon coeur n'y était pas.

Je sais que RIEN ne s'arrangera. Que mes visites à mon père seront de pire en pire.

J'ai dévoré, en revanche (mon estomac y était), je lui ai piqué des pâtes dans son assiette, nos foies de veaux étaient délicieux et j'ai commandé un dessert, jusqu'à en lécher le bol (un liégeois chocolat maison).

Au retour, sur sa moto, j'ai lâché mes deux mains.

Même sur le périph à grande vitesse.

Mais il conduit trop bien. J'suis pas tombée.

Le 23 septembre 2007



Ma mère


Tu ne réponds plus au tel, normal, ta conscience ne doit pas être bien tranquille.

Sache que ton fils Pascal et moi, ta fille Catherine, suivons tes agissements de près depuis plusieurs mois.

Personnellement, j’ai pris un avocat qui étudie le dossier à la loupe. (Gràce à l’aide juridictionnelle car tu n’es pas sans savoir que je vis du chômage).

Nous regardons et colligeons, Pascal et moi, Toutes tes démarches :

l’argent que tu soutires à papa, sans le moindre scrupule, depuis l’hiver dernier.
Comment tu le roules dans la farine (que tu lui parles d’amour), depuis qu’il n’a plus toute sa tête
Comment tu lui soutires un max de blé, de l’ordre de 450 000 euros en deux chèques, depuis qu’il confond les euros et les francs.

Depuis que tu râles et l’empêches de signer des chèques pour nous (anniversaire de ses petits enfants, mes charges locatives... Dès que c’est pour nous, tu fais blocus)

Comment tu t’es approprié ses chéquiers pour lui fare signer des chèques en blanc à ton nom : tes 500 euros mensuels de cheval, le loyer, la charge de ta soi-disant boutique dans laquelle tu n’as jamais rien vendu, les 1200 euros de plomberie pour TA maison de campagne.
Comment tu es allée supplié la dame qui tient son portefeuille d’actions “mon mari vient de se casser la jambe, il m’envoie car ne peut plus se déplacer”)
Comment tu as tenté d’obtenir une procuration pour vendre à ton profit son appartement de Chili-Mazarin
Comment tu t’es présentée à l’Assemblée nationale pour obtenir sa retraite, ses chéquiers, ses relevés de comptes, qu’il te cachait depuis le mariage, connaissant ton âpreté à ses gains.

Ma mère,

Sache que nous ne te laisserons pas dépouiller papa. Qui m’a encore dir hier “Je vois plus, j’entends plus, j’ai plus de chèque, “ON” m’a tout pris.”

Ma mère, tu ne veux pas répondre au téléphone mais sache qu’un procès est en cours contre toi.
De moi, la fille de mon père, Catherine.

“Non assistance à personne en danger” :
Tu le laisses crever depuis ses premiers signes inquiétants, dans un appart immonde de crasse, sans infirmière, ni cuisinière, ni medocs.
Il a fait deux AVC à cause de toi, en mars et mai 2007, on aurait pu les éviter.
Lors de sa décompensation rénale, en 2005, tu as osé me tel : “Occupe-toi du vieux, ma chienne est malade !”

Tu te revendiques sa “femme” depuis que le mot “tutelle” est arrivé à tes oreilles, en mai 2007.
27 ans que t’es plus sa femme ! Qu’il vit tout seul dans sa pauvre crasse !

T’as organisé depuis son hospitalisation tardive, quand t’as senti y tirer bénéfice, une jolie chambre dans son appart, pour toi, avec pantoufles uniquement pour la veille des visites des associations. Histoire de leur faire croire que tu vivais encore là. Tu la fermes à clefs, t’y’ mets jamais les pieds, même les aides auxiliaires qui soutiennent papa bien mieux que toi n’ont pas droit à ce confort.
C’est Pascal, Marianne et Muriel qui ont nettoyé de leurs mains la crasse profonde dans laquelle tu laissais croupir notre père.
Pour les chiottes : six nuitées d’acide chlorhydrique !
Ils ont changé la moquette pleine de merde, ont nettoyé les murs, désinfecté le frigo et le microonde innommables.

Ce que tu as installé aux auxiliaires de vie, j’ai testé la nuit du 22 juillet 2007 :

Pour elles, je sais, j’ai tâché d’y dormir, un 190 sur 90, ma fille sur une couette de fortune à même le sol.
un matelas dur comme du bois, un drap couvert d’une couette trouée sur 25 cm, pas de lampe de chevet, pas de stores.
On croit qu’il y a une jolie lampe, elle présente bien, mais le fil électrique est mort. On croit qu’il y a des stores, mais comme ils sont bloqués, t’as la lumière d’en face toute la nuit pour géner ton sommeil. Puis survient l’aube et t’as pas fermé l’oeil.

Idem dans le salon, le canapé en cuir de papa est tout défoncé.

Et il te refile, ma mère, 5000 euros net par mois, la moitiè de sa retraite !

Peux-tu me dire, ma mère, de ce que tu fais de tout cet argent pour toi toute seule ?

J’ajouterai que :

Tu n’as pas payé l’impot sur les grandes fortunes (de papa) de 2006
Tu t’es fait portée pâle le jour de son rendez-vous chez le cardioloque, puis, la semaine suivante, chez le gériatre. Il n’a donc pas été reçu.
Les ordonnances ont été mises à jour par moi. Car j’ai “obligé” le généraliste à s’y contraindre.
Papa en avait marre des soupes en briques Liebig le soir, alors je lui ai concocté des menus plus alléchants.

Tu as rendu le fauteuil orthopédique en moins de quinze jours en août. Alors que je me suis bien marrée dessus avec mon mec tant il était léger et que mon frère Pascal et son épouse ont promené papa jusqu’à l’institut Sainte Perrine, première sortie en un mois. Tu l’as renvoyé aussitôt. Plus de fauteuil, Plus de sorties pour papa.

Tu veux que je te dises, ma mère :

pour moi, tu es le diable incarné.
Soit t’as un gigolo qui te flatte à outrance pour piquer tout le pognon de mon père.
(Alors je te demanderai de te regarder dans une glace, de face et profil : t’es moche, imbaisable, flasque). Ton visage passe encore, pour 78 ans mais regarde la vache molle, vertégéturée et celluliteuse)
Soit tu as un sérieux contentieux avec mon père, mais il ne nous regarde pas
Soit t’es passée à l’Ouest et je te fais interner.
POUR PRODIGALITE.

TU n’as PAS LE DROIT DE TRAITER AINSI MON PERE.
TU n’AS PAS LE DROIT DE NUIRE A DES ENFANTS DONT TU NE T’ES JAMAIS OCCUPES.

Envoi en lettre recommandée.

Histoire de mettre les choses au point une bonne fois pour toutes.

Fais gaffe à moi, ma mère.

La HAINE que j'ai pour toi n'a plus de limites.

Petite, contrite et complexée, j'ai accepté

Peu dormi mais ça m'a cultivée

Plus grande, j'ai pas dormi non plus mais j'ai baisé, meurtrie, mais ça m'a cultivée.

Plus grande encore j'ai pris des coups mais ça m'a immortalisée.


Aujourd'hui, tu t'attaques à mon père et je ne rigole plus.


C'EST TOI OU MOI.

Comme ma mère ne répond plus au tel, j'ai envoyé un télégramme ce jour.

Pour la prévenir, pour ne pas la prendre en traitre.

Une démarche est actuellement en cour pour la mettre sous tutelle, elle aussi.

J'ai RV avec mon avocate mercredi.

Ma mère laisse crever mon père dans l'unique but d'en tirer le max ("abus de vieillesse").
S'il crève, elle touche son assurance vie d'un million d'euros.

Moi, j'aime mon père. Elle pas.

La maladie D'Alzheimer, est un très gros boulet.


J'ai même pas envie d'écrire correctement son nom.j'''''''''''''''ai
jacté mon mari cette nuit car il ne peut pas comprendre. Il a dormi dans mon grand lit, moi dans le canapé.


Mon père est en train de clamser BORDEL DE MERDE !

Je veux la paix, qu'on accepte mon deuil.

Thierry s'est eclipsé en douce à l'aube.

Mais il appelé à 10 heures.
Puis à midi.

Je l'ai rappelé vers 15 heures.

Je l'aime, y'a pas un doute, mais là, septembre 2007, je perds mon père.

Le VERITABLE HOMME DE MA VIE

Des autres, j'en ai eu tant !
Des promesses et même des papelards légaux à signer!


Des bagues de fiancailles, même des alliances platine !
Qu'est ce que je m'en fous !

dans ses instants de lucidité, dis-lui que tu l'aimes, dis-le fort..
après ..il faut penser à ce que jamais il ne souffre, et physiquement , et moralement..
le reste, c'est selon sa conscience, selon sa propre personnalité..personne ne peut juger

J'ai pris sa main dans ma mienne hier.

Je n'ai pas tenu trois secondes. Je l'ai retirée de suite, j'avais trop mal.

Je ne peux même plus toucher mon père tant je sens sa mort imminente.

(contrairement à un infar, un accident),
tu peux encore lui dire tout ce que tu as à lui dire..
et puis il faut le laisser partir en paix,

c'est dur, car tu vois la déchéance, la souffrance..mais tu peux "dire" !

Oui, oui Myster, je peux dire à papa : "Mon ours, mon chéri, tu as bonne mine, je t'aime". Mais j'ai terriblement de mal à soutenir son regard. Il y a encore énormément d'intelligence dans ses yeux pétillants (dans ses moments de lucidité).

Je préfère le câliner de dos quand il est assis à table, car sinon, il voit mes larmes poindre. Or je dois lui montrer mon plus joli visage, le plus souriant, le plus confiant.
Qu'il rencontre bogoss à chacune de nos vistes doit le rassurer. Pour une fois que l'un de mes hommes tient plus que la semaine ! Et Thierry a beaucoup de gestes affectueux à mon égard, on sent qu'il m'aime vraiment.

Mais ce n'est pas facile pour lui non plus car mes sautes d'humeur sont très éprouvantes les quarante-huit heures qui suivent une visite chez mon père. J'en veux à la terre entière. Je commence par pleurer abondamment puis je crie. Je m'emporte sur mes trois enfants pour des broutilles, je regrette de les avoir mis au monde, à cause d'eux, je ne peux plus me tuer. Je dois subir cette lente déchéance immonde de cruauté en bonne mère de famille, en bonne épouse, comme si de rien n'était.
Je m'énerve sur Bogoss que je trouve trop patient, je picole à en perdre la raison, hier, je me suis avalée huit Lysanxia avant son arrivée, alors évidemment, je titube, je me cogne, je délire. J'ai pas fait le dîner, il a été nous chercher des Mac-Do en moto. J'ai pas pu avaler mon cheese-burger.

La scène n'a pas loupé au plum' : je lui ai reproché de trop m'appeler (quatre tels/j), de trop me vouloir, de dormir toutes les nuits dans mes bras d'être là, tout le temps, alors que ces moments de détresse intense, je préfèrerais les vivre seule, sans témoin.

Ils sont honteux, je donne une image négative de moi, je suis indignement moche comme mon père quand il part dans son monde.

Alors cette nuit, mon mari s'est barré à 3 du mat car j'avais trop envie de cuver, et ma douleur, et mon indignité alcoolisée, toute seule.

Hier soir, je n'ai pas envoyé de lettre recommandée à ma mère.

Incapable de me rendre à la poste.

Alors j'ai posté ce télégramme :

"Ma mère,
Tu ne réponds pas au téléphone. Sache que j'ai pris des mesures, un avocat avec mon frère Pascal. Je te préviens qu'une démarche est en cours de mise de tutelle contre toi dans l'intérêt de Papa.

Dr Catherine Jean"

Et cette nuit, je vais essayer de dormir chez mon mari.

Histoire de changer d'air. Il passe me prendre ce soir.

Car demain mercredi 11 septembre, RV chez l'avocate. Il m'y conduira en moto, c'est son jour de repos.

Le tribunal de grande instance m'a encore envoyé un courrier today. Après celui d'avant-hier.

J'ai réuni toutes les pièces nécessaires avec photocopies.

Procès contre ma mère







]

Je ne serai jamais à personnne.

Je montre tous mes livres ici, Chez Kti et

Ciao.

http://www.voyages-provence.com/images/gif_anime/massages-hammam-marseille.gif

J'ai reçu mardi 25 septembre la notification du tribunal d'Instance de mise sous sauvegarde de justice de mon père, proposée par mon frère Pascal le 3 juillet.
Le lendemain, hier donc, je me suis rendue chez mon avocate avec mon mari et l'ensemble des pièces encore manquantes :

Un questionnaire énorme du tribunal d'Instance reçu le vendredi précédent.
1. Quel est votre lien de parenté avec l'intéressé ?
2. Visitez-vous souvent l'intéressé ?
3. Quelle est son adresse actuelle ?
4. Composition de la famille de l'intéressé (conjoint, enfants, ascendants, frères et soeurs, enfants des frères et soeurs décédés, à défaut les plus proches parents : nom, prénom, adresse, lien de parenté)
5. Personnes, non parentes, s'intéressant à la personne à protéger (nom, prénom, adresse)
6. Quels sont les faits justifiant la mesure de protection :
- altération des facultés mentales
- infirmité corporelle
-prodigalité
- oisiveté
- intempérance
- Autre (à préciser)
7. Pensez-vous que l'intéressé ait besoin :
- d'être seulement assisté et conseillé dans ses affaires ?
- ou que l'on fasse toutes les démarches à sa place ?
8. Nom et adresse du médecin traitant de l'intéressé
9. Quels sont, à votre connaissance, les biens mobiliers et immobiliers de l'intéressé ?
10. Quels sont, à votre connaissance, les revenus de l'intéressé ?
11. Par qui les affaires de l'intéressé pourraient être bien et honnêtement administrées ?
12. Accepteriez-vous de vous en occuper ?
13. Préférez-vous la nomination d'un organisme de tutelle indépendant des proches de l'intéressé ?
14. Indiquez les numéros de téléphone où l'on peut vous joindre.
15. Souhaitez-vous être entendu(e) par le Juge des Tutelles ?

Il me manquait pas mal d'infos, notamment les adresses de la famille proche de mon père, et les preuves de ses revenus, de ses biens, les numéros des chèques que lui fait régulièrement signer ma mère, par "abus de vieillesse".

Mon frère Pascal m'a tout fait parvenir par mail, mon dossier était donc complet hier chez l'avocate.

Qui se charge de répondre au Juge des tutelles. Et en profite pour accélérer personnellement l'avancée de l'aide juridictionnelle. Je devrais l'obtenir mi-novembre.

Pascal et moi sommes OK pour devenir tuteurs de papa, mais conjointement.

De remuer toute cette merde de fric et de réunir toute cette paperasserie sordide, dans le dos de papa, m'a bien gonflée, dégoûtée, j'avais le coeur au bord des lèvres en sortant du "cabinet" de Maître F.

Mais mon mari, com d'hab, a assuré grave : une jolie brasserie place de la Madeleine, un pastis, un verre de côtes du Rhône, un Club sandwich, la moto, je ne suis pas rentrée chez moi, j'ai donc passé une seconde nuit de suite chez lui, à Courbevoie.
Pour le dîner, il a commandé mes plats préférés chez son traiteur du coin et au plum, j'ai oublié ma peine entre ses bras puissants.

Puissants et affectueux.
Compréhensifs.

Prévenus par tel, mes trois enfants dont deux majeurs n'y ont vu aucun inconvénient. Ils aiment beaucoup bogoss.