J'ai vécu des sensations nautiques fortes cette été.
Y'a déjà eu le coup du plongeoir (raconté dans mon texte "La piscine").
Mais y'a eu pire. J'ai cru mourir.
De très grosses bouées, cinq kilos au bas mot et quasi impossibles à
déplacer. Ma fille voulait y jouer et j'ai demandé au gars :
"Comment fonctionne ce truc ?"
"Pas compliqué, vous la louez 3 euros la demi-heure, elle est à vous une demi-heure".
Mouais, vachement lourde, la baleine.
"Ne vous bilez pas, je vous aide à la mettre dans l'eau."
(Ben tiens, y'a intérêt !)
Une fois dans l'eau, ma fille est rapidement montée dessus.
Pas moi.
J'Y ARRIVAIS PAS ET DE SURCROÎT, ELLE ETAIT RUGUEUSE, cette foutue
bouée de dix tonnes ! Ah, ça râpait à chaque essai ! Pire qu'une
planche à voile ! Je craignais d'esquinter ma peau, douce et fine.
Ma fille me lance :
"T'as qu'a passer par en dessous, maman. Une fois dans le trou central,
tu verras, t'escaladeras plus facilement l'engin. C'est ainsi que j'y
suis parvenue".
Or j'ai horreur d'avoir la tête sous l'eau. J'en prends plein les
narines, je nage au-dessus, moi, au dessus de la ligne de flotaison,
toujours, toujours.
(Et pas perdre mes lentilles de contact).
Je m'exécute pourtant et vise le trou de la bouée, d'en dessous.
Les yeux fermés, narines pincées, je le trouve pas et...
J'y arrive pas, la bouée rugueuse s'accroche à mes cheveux, un blocage
mathématique, ma tête immobilisée est moins lourde qu'elle.
Ah j'ai vu Dieu !
Impossible de la soulever, cette foutue bouée qui me coupait la respiration.
Apnée, apnée, apnée.
Combien de secondes encore ? (car ça se joue en secondes).
Alors, j'ai dû lâcher mon nez pour brasser.
Beurk !
Plein de chlore partout, j'ai dû ouvrir mes yeux.
Beurk !
J'ai dû l'escalader, ce bibendum, ce cachalot, plein de chlore dans mes orifices.
Et on s'étonne que je sois asthmatique,
(Non, confonds pas, faute au tabac).
Et on s'étonne que je sois autiste,
(Non, confonds pas, t'es juste triste).
Et on s'étonne que je sois belle,
(Non, confonds pas, t'es juste myope).