Je me suis mariée hier

Avec bogoss, car celui-là, je ne veux pas le laisser filer.

Pas besoin de témoins, pas besoin de paperasse.
Nous avons juste, lui et moi, changé nos anneaux de place.

Ils sont passés de la main droite à la main gauche.

Il a retiré sa bague trois Trucs Cartier de son annulaire droit et je l'ai enfilée sur son annulaire gauche. J'ai retiré ma bague trois Trucs Cartier de mon annulaire droit et il me l'a enfilée sur mon annulaire gauche.

On s'est longuement embrassés, c'était touchant et beau.

Depuis cette nuit, celle du 7 septembre 2007, j'appartiens ostensiblement à un homme, un seul.

C'est écrit sur ma main. Faut que je m'y habitue.

J'avoue que les trois anneaux me gènent à cet endroit là.
Ils m'ont réveillée cette nuit, à plusieurs reprises. Je ressens comme l'oppression d'un garrot.

La bague est à ma taille mais c'est psychologique.
Je vais m'y faire.
J'suis fière d'aimer cet homme et de le crier à la terre entière.
J'suis fière d'être ostensiblement "casée".

Et surtout, terriblement amoureuse.

J'attends avec impatience le retour de mon homme ce soir et j'ai prévu un bon dîner.
On s'est déjà appelé deux fois depuis son départ ce matin.

Je trouve jolies les trois couleurs de l'or rose, de l'or jaune, du platine.

Mais mon doigt, il est pas content. Bridé.
Pas content du tout.

C'est comme l'histoire du casque. L'alliance ne me va pas. Le principe de l'alliance.
Je ne sais.

Faut que je la retire. Y'a un truc qui va pas, j'étouffe.

Je viens de l'appeler.

Il va m'en offrir une autre.

Juste un anneau très fin.

Admin a écrit:

Je viens de l'appeler.

Il va m'en offrir une autre.

Juste un anneau très fin.

Félicitations !

je te conseille de fermer ce forum à présent

Admin a écrit:

Je viens de l'appeler.

Il va m'en offrir une autre.

Juste un anneau très fin.

Félicitations !

je te conseille de fermer ce forum à présent

Par respect pour celui que tu aimes.
Il t'a fait un cadeau magnifique.
Il a le droit à l'exclusivité de tes sentiments et de leur expression.

Réfléchis.

Non, l'homme qui veut partager ma vie doit accepter ma liberté de penser et d'écrire.

Il a son job, je ne le surveille pas. Il se réalise dans les affaires.

Moi, j'ai mon taf, j'suis écrivain et j'aime raconter, sans tabous. Y'a beaucoup de boulot sur le non-dit.

A prendre ou à laisser. C'est ainsi. Il me lit s'il le souhaite, je ne l'y force pas.
Mais jamais, au grand jamais, il ne m'empêchera d'écrire ni de divulguer mes textes les plus intimes soient-ils.

Sur nous, j'en dirai peu. Je laisse toujours un laps de temps pour ne pas froisser les susceptibilités.

Les textes publiés sur ce forum ont plus de dix ans, voire vingt. Y'a prescription.

Mon mari se doit d'accepter mon travail, de le respecter.
Ou alors il ne m'aime pas.
Et alors, je n'ai rien à faire avec lui.

Se coltiner un écrivain n'est pas facile.

Un écrivan mange peu, picole à l'occasion, se lève parfois à l'aube pour ajouter une phrase à son chapître ou pour gerber d'angoisse. Des nuits, la chiasse le prend tant ses tripes le travaillent.
Un écrivain se met à chier liquide quand il écrit liquide, les passages douloureux. Certains sont innommables, mais faut qu'il y aille, qu'il aille au bout de son récit.

Un écrivain qui élève trois enfants est encore plus difficile à gérer.

Un écrivain sans éditeur s'en fout un peu.
Du moment qu'il a des lecteurs, même inconnus, qu'il est lu, jusqu'à THE END, un écrivain est content.

Il n'écrit pas pour l'argent.

Mais par obligation.

Je crois que mon mari l'a compris et l'accepte.

Ce cera ça ou rien de toutes façons.

Trop longtemps qu'on m'emmerde avec la médecine. Maintenant que mes fils sont tirés d'affaire, je veux me consacrer à ma passion, sans entendre de conseils à la mords-moi-le noeud, ni subir la moindre culpabilité :

Ouvre un labo
Postule pour un poste de biologiste
Comment comptes-tu payer ton crédit appart ?

Ben je le paierai plus, je louerai le double, je vendrai le quadruple.

Je ferai comme Brel, un stud avec chiottes sur le palier et mon ordi dans le lit.
Et ma fifille entre nous deux, mon Mac et moi.

Et mes trucs et machins matériels innombrables dans une remise.
Mes foulards Saint Laurent et mes fourrures au clou.

Si bogoss me suit pas... S'il refuse mon besoin fondamental, vital, d'écrire.... Si mes propos, ma prose le choquent, je me démerde autrement.

Mais j'écrirai jusqu'à mon dernier souffle de vie.

Un écrivain n'a pas de coeur.

Il est trop extérieur à la vie.

Il l'observe mais ne la vit pas. Tout ce qu'il voit de ses yeux, respire de ses narines, entend de ses oreilles, il le transforme immédiatement en phrases.

En phrases écrites.

Il n'y peut rien. C'est une machine à écrire.

Et faut qu'elle crache, sinon il souffre, profondément, de l'intérieur de son bide.


Seuls le coît et l'alcool me détendent.

Avec bogoss

On est mariés sous le régime de la séparation de biens, de lieu et des humeurs.

Hors de question qu'on se pompe le jonc. Qu'on se tape le moche et la monotonie.

On est mariés pour le meilleur, pas pour le pire. Le pire, je refuse.
S'il a mal à la tête, je lui donnerai un doliprane et s'il agonise comme mon père, j'irai passer le voir une fois par semaine à l'hosto.
Et pis j'irai pleurer puis danser.
Si j'agonise, j'en veux pas à mon chevet. Il ira pleurer puis danser.

Le pire, il ne sert plus à rien en 2007 car on file vite ailleurs. Moi, je sais que j'irai vite me faire pendre ailleurs. Noyer mon chagrin quelque part.

Tout est désuet dans le mariage. Caduc.

Mais j'ai enfin une jolie bague à mon doigt. Ca, ça me plaît, elle m'étouffe pas.