Lui, mon amour
Que j'aimerai toujours
Des murs blancs
Des couloirs
Je veux le voir
Il est tout blanc
Subclaquant
Lui, mon amour
Que j'aimerai toujours
Très amaigri
Il déambule
Et il fabule
Je lui souris
Le coeur fendu
Dans mon pyjama blanc
Lui est chaud et il sue
Sous ses draps blancs
Lui, mon amour
Que j'aimerai toujours
Il court partout
Veut s'échapper
Très émacié
Mon fils est fou ?
Il parle de complot
Articule de justesse
Dit : "Ma Déesse,
Suis-je encore beau ?"
Lui, mon amour
Que j'aimerai toujours
"Maman, je t'aime tellement
Sors-moi de la misère
Ou tu ne m'aimes pas vraiment
Je hais mon père"
Il ne dit pas "papa"
Et marche à petit pas
Refuse son plateau repas
Moi, je crains son trépas
Il est devenu si mince
Sa peine est perceptible
Mais ses mots inaudibles
Ah je me pince !
Mon fils ainé chéri
A l'hôpital vomit
Tout ce qu'il ingurgite
Il veut changer de gite.
"Sors moi de là, maman
Ou tu ne m'aimes pas vraiment
Ill veut me tuer mon père
Le complot, ma belle mère..."
Lui, mon ange adoré
Mon ainé, ma beauté
Comme il est émacié !
N'arrête pas de supplier.
Et je reste impuissante
Devant mon gamin décharné
Nos souvenirs me hantent
Comment puis-je l'aider ?
Lui, mon amour
Que j'aimerai toujours
Va peut-être clamser
Dans cet hosto de merde
J'avoue que ça m'emmerde
J'ai envie de les tuer
Ces psy et ces soignants
Qui le font tant souffrir
Je voudrais un sourire
Mais il est trop souffrant
Je ne peux pas le sortir
Ils l'ont donc interner
Il ne veut plus se nourrir
Privé de sa liberté.
On me dit qu'il est fou
Mais je connais son père
Car c'était mon époux
Et il m'a fait son frère
Jusqu'a ce que je comprenne
Que Jean était un tyran
Un vaniteux méchant
Un chacal, une hyenne
Qui a voulu aussi me tuer
Projections et étranglements
J'ai eu du mal à me relever
Et j'ai eu peur pour nos enfants
Battre une femme enceinte
Ruer de coups son ventre plein
Il faut être vach'ment malin
Pour supporter d'autres étreintes.
On en a tous subi les conséquences
J'ai eu la garde, bien entendu
Ma minerve et puis la sentence
Divorce et la faute au tordu.
Sauf que mes fils, ils ont tout vu
Simon est fort, il s'est battu
Il est sans concession, costaud
Le chène et le roseau
Il te mouche son père
Il est grand, il est fort
Tout en muscles, il espère
Un jour pouvoir venger sa mère.
Mais Mat est plus fragile
Des yeux de biche
Une proie facile
Son père n'en a fait qu'une bouchée
Son père s'est ulcéré
De l'affront du divorce
Que j'ai demandé
Et mon Mat a payé...
Lui, mon amour
Que j'aimerai toujours
Sur un lit d'hôpital
Qu'on attache et qui râle
Et qui vomit ses pates
Sur un lit d'hôpital
Il se sent mal
Et maigrit à vue d'oeil
Et je suis impuissante
L'autre connard me hante
La belle erreur qu'j'ai fait
Copuler avec ce taré.
Il ne mérite pas ses enfants
J'espère qu'il y a une justice
Moi, il m'a massacrée
Des humiliations, des coups, des supplices
Il s'attaque à mes fils ????
Mon fils que j'aimerai toujours
Lui, mon amour.