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 La famille III

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Eve




Messages : 396
Date d'inscription : 16/10/2011
Localisation : Courbevoie

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MessageSujet: La famille III   La  famille III Icon_minitimeLun 17 Oct - 22:47

Mon frère Pascal avait fait remplacer sa moquette (tâchée de caca) et le papier peint d'un pan de mur du couloir attaqué par dégats des eaux, qui semblait traîner depuis longtemps ainsi. Il avait consacré deux week-end de suite, avec sa femme Marianne, à décrasser au maximum. Il n'osait même pas imposer un tel travail à une femme de ménage !
Mon autre belle-soeur Muriel s'y était mise aussi, vaillante.
Ma mère, rien, rien...

Au contraire, elle s'est plainte à moi, le premier mai, de leur initiative :
"Tu réalises ! Sans même demander l'avis de ton père ! Mais y'a TOUT ses papiers ici !"
Ce jour-là, elle n'a pas pu s'empêcher de hurler, comme d'habitude, devant le pauvre bougre hagard :
_ T'as vu comme c'est dégueulasse ! T'as vu l'état de son frigo ! Ah heureusement que je ne viens plus ! Pas à moi de s'occuper de ça !

(Heureusement qu'il est sourd.)

Le 8 mai, je voulais le visiter de nouveau, chez lui, même s'il m'avait découragée la veille :
_ Un autre jour Cathy, je suis très fatigué.
J'ai insisté, je tenais à lui offrir la cassette de Delarue (un enregistrement du 20 février, sur lequel je témoignais des pièges d'Internet). J'en étais fière : le coiffeur de la prod m'avait trop tiré les cheveux en arrière (je déteste, je cache au max mon "beau visage" sous mes mèches rebelles), mais la maquilleuse s'était appliquée à me farder vamp, yeux charbonneux à la Bill Kolitz, pommettes saillantes, lèvres d'automne. Ca rendait pas trop mal. Et surtout, je m'exprimais bien, face au coyotte. J'étais parvenue à raconter l'histoire de ma nana en direct, sans bafouiller, l'émotion de la salle perceptible.

Or, ce jour-là, le 8 mai, mon dabe se faisait sa première fugue !
La veille, il semblait clair du cerveau, je hurlais dans le téléphone et il me répondait, peu enthousiaste, mais conscient :
_ A quelle heure puis-je passer, papa ?
_ Onze heures.
_ OK, tu veux quoi ?
_ Des fruits.
_ OK, je te cuisine une salade de fruits.

A 11 heures ce matin fatidique, charette, pas prête, je l'appelle pour m'excuser de mon retard. Il ne décroche pas. Je sais qu'il est sourd mais qu'il finit par entendre vers la dixième sonnerie, alors j'insiste, j'insiste, tous les quarts d'heure jusqu'à midi et demi. Il ne répond pas, j'y vais.

Je sais qu'il ne loupe pour rien au monde les infos de vingt heures, mais là, à travers sa porte, la TV semble muette. Je sonne, je sonne... Il n'ouvre pas. Pas de concierge non plus. Je patiente quinze minutes, puis laisse la salade de fruits sur le paillasson avec un mot.

Rentrée chez moi, je rappelle et rappelle pour le prévenir qu'elle est par terre, sur son palier. Pas de réponse.
Je commence sérieusement à m'inquiéter, téléphone donc à ma mère qui m'apprend qu'on le cherche tous depuis ce matin. Il semblerait qu'il allait bien au réveil (selon la concierge qui lui monte son courrier) et qu'il était sorti de chez lui vers 10 h 30,
juste après le départ de son infirmière.
Je m'étonne, on avait rendez-vous à onze heures.

Là-dessus, Pascal m'appelle, vers 15 heures, pour me dire qu'inquiet lui aussi, il s'était rendu chez papa, avait ouvert sa porte (il a ses clefs) et trouvé sur la table du salon sa boîte à médicaments et son portefeuille, délesté de sa carte bleue et des soixante euros de liquide qu'il y savait dedans. Appartement vide, bien sûr. Comme il craint que mon père n'ait plus toute sa tête, il a appelé l'hosto Ambroise Paré où il est suivi pour insuffisance rénale.
Non, pas d'entrée.
Là-dessus, ma mère me rappelle : la femme de ménage qui travaille depuis deux jours chez lui, est passée entre 14 et 15 heures, comme convenu. Papa n'y était pas.

Toute l'après-midi, mon frère, ma mère et moi, on s'est entre-téléphoné... On a contacté la centrale des entrées hospitalières et les commissariats.

Rien sur leurs fiches, concernant un viel homme d'un mètre 60, à lunettes, plutôt corpulent, cheveux blancs.
Même enregistré sous X, ils n'avaient rien.

Ma mère me dit qu'il ne se promène jamais sans son portefeuille. Mon frère m'apprend que la carte bleue de mon père est foutue, illisible, impossible de tirer de l'argent avec, mais qu'en quittant son domicile ce matin, papa avait pris soin de fermer sa porte à double tour.

Alors chacun y va de son scénario : mon frère aîné pense à un suicide (pas le genre du tout de mon père).
Ma mère envisage un cambriolage de gamins qui auraient suivi mon père, l'auraient pousser dans l'appart et l'auraient menacé pour qu'il se serve de sa carte bleue. En l'entrainant dans leur bagnole pour éviter les regards indiscrêts des voisins.

Moi, j'ai pensé aussi au cambriolage, mais par l'infirmière (qui ne le visite que depuis dix jours), aidée de la femme de ménage, engagée sur ses recommandations.

Je voyais déjà papa enfermé dans la cave de l'immeuble, inconscient, rué de coups, en sang.

Puis à force de tourner le problème dans tous les ses, mon frère cadet et moi, on s'est dit que contrarié par l'intrusion soudaine de ces deux bonnes femmes chez lui, il s'était cassé, tout simplement. Sans même nous rendre de comptes.
Et peut-être même qu'il avait pris le train pour aller quelque part, une destination inconnue de nous, et peut-être qu'il stagnait à présent dans un hosto provincial, ayant présumé de ses forces.

On est obligé d'attendre demain onze heures pour signaler sa disparition au commissariat de son arrondissement
(c'est la loi : il faut patienter 24 heures pour un majeur introuvable).
Ma mère ira.
J'avoue que j'y pige que dalle.

On avait RV, il m'aurait prévenue, décommandée !!!
Il n'est pas si sénile que ça tout de même !
Vrai que j'ai reçu deux coups de fil entre 11 h 30 et midi 30. J'ai décroché dès la première sonnerie, personne au bout du fil, juste des bips, bips. Peut-être a-t-il essayé de m'appeler d'une cabine, mais avec sa carte périmée...

Les commissariats sont prévenus, les hôpitaux aussi, ils ont nos coordonnées. On attend demain.
Je viens d'essayer de le rappeler : personne chez lui.

Mon petit frère m'a annoncé que papa, qui n'était pas sorti depuis quinze jours, trop faible, se portait mieux ce matin et voulait se dégourdir les jambes. Déposer des fleurs sur les tombes de ses tantes, à Torcy. Il a suggéré que papa menait peut-être une double vie. Et qu'il avait besoin d'aller quelque part précisément.

J'y comprends rien mais la thèse du cambriolage et/ou du kidnapping tient aussi debout.

Ces deux bonnes femmes détenaient ses clefs. Malgré leurs sérieuses références, selon mon frère (qui a déniché l'infirmière après en avoir rencontré une trentaine, alors qu'il bosse temps plein, ingénieur, 50 heures par semaine, de nombreux déplacements), avec une carte bleue, on tire jusqu'à 3000 euros d'un coup (avec la mienne en tous les cas).

Il pense que papa est quelque part, chez sa maîtresse cachée ou paumé dans un train...

Je ne sais où il vaque et crains le pire.
Ce qui m'énerve le plus, c'est que quand je suis passée le voir le premier mai, j'ai eu le sale pressentiment que c'était la dernière fois.
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