Chez Kti
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Ici on est cozy, au chaud de notre ordi et on parle de tout.
 
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 Riche

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MessageSujet: Riche   Riche Icon_minitimeMer 5 Sep - 13:53

Juillet 1974, mon job d’été touche à sa fin. J’imagine, plein d’impatience, le voyage que je vais faire dans le Nord de l’Angleterre avec mes petites économies.
J’en ai marre de cet hôtel qui me rappelle chaque jour ma condition d’indigent.
J’en ai marre de ces bourgeois qui me regardent à peine dans mon costume sombre de larbin. J’en ai mare de cette grande famille de nantis propriétaires de 5 hôtels dans cette ville de curistes, de vieux moches et de vieilles dont les bijoux dégoulinent sur des tailleurs grotesques.
Je suis groom, garçon d’ascenceur, coursier. Balayeur de la terrasse le matin, pourvoyeur en médicaments le soir.
Les patrons ont deux enfants. Un petit con obèse qui a cinq ans de moins que moi et qui me demande régulièrement de lui réparer le pneu crevé de son vélo américain BMX dernier cri qui n’est même pas encore vendu en France.
Ils ont aussi une fille d’un an de moins que moi, qu’ils ont élévé au rang de princesse.
La patronne immense et mince, avec un brushing style Reine du Danemark, vérifie que je ne m’avise pas à regarder sa fille qui n’est vraiment pas faite pour ma gueule.
Je m’en moque de ta fille, Madame la Comtesse.

Ce matin, je balaye pour encore une semaine cette terrasse où les feuilles de la pergola tombent toujours plus nombreuses.

J’enrage de n’être qu’un fils de prolo. Un jour je serai un homme important. Je viendrai dans ton hôtel avec 15 invités. Madame la Comtesse, tu auras vérifié que les draps sont en satin et que ma table sera systématiquement réservée.

Le balai à la main, je dirige la poussière vers un inserstice entre l’escalier donnant sur la courrette et le garde-corps où je peux balancer tout le merdier sans le ramasser.
En arrivant vers l’escalier, je tombe nez-à-nez avec la fille du patron. Elle avait gravi les escaliers sans bruit. Je suis un peu interloqué, inquiet d’avoir été surpris dans mes méthodes expéditives. Elle arrive à ma hauteur et me lance un « bonjour » particulier.
J’ai décelé dans son regard une sorte de gourmandise. Elle repart, un sourire joyeux aux lèvres. Ce regard m’a troublé. J’existe alors ?

Je remarque les jours suivants qu’elle multiplie les occasions d’être présente partout où je suis. Cette évolution de mon statut dans ce monde puant le fric et le mépris pour les gens de ma condition, m’encourage à reconsidérer le nouveau regard que me portait Marie-Christine.
Je dus bien admettre qu’il n’y avait plus aucune condescendance dans son attitude.
Elle me parlait assez brièvement mais très gentiment.
Après le service, juste avant que je reparte sur ma mob Motobécane, nous avions même pris l’habitude de papoter sur les sièges disposés sur le trottoir de l’hôtel qui n’intéressaient pas grand monde à cause du bruit de la rue.

Mes corvées se sont terminées le dernier jour de Juillet.
J’ai touché ma paie en liquide. L’équivalent de deux nuits dans cet hôtel trois étoiles. Je suis libre.
Marie-Christine me suit alors que je quitte l’hôtel par l’entrée principale.
Nous convenons naturellement de conclure nos adieux par une petite collation sur la terrasse côté rue. Nous nous asseyons confortablement sur les grandes chaises blanches, réservées aux clients. Aujourd’hui, je ne suis plus un larbin mais un jeune homme libre. Marie-Christine demande au serveur de nous apporter deux diabolos-orgeat car elle savait que c’était ce que j’aimais. Ce soir, nous avons parlé plus longuement.
Nous avons parlé de tout et de rien. La conversation n’avait aucun intérêt. Nous n’avions aucun ami commun dans la ville. Elle jouait au golf, je faisais de la gymnastique dans le club de la ville.
Elle allait rentrer dans le même lycée que moi mais elle venait d’un collège privé alors que je ne connaissais que les écoles publiques.
La conversation était néanmoins courtoise de part et d’autre. Ni l’un ni l’autre n’avions envie de l’écourter.
La nuit était bien tombée mais avait à peine tempéré cette journée brûlante. On entendait les rires bruyants venant de la salle de restaurant.
Une petite brise vint opportunément rendre l’atmosphère extrêmement confortable.
J’étais bien. Elle aussi visiblement. Après 30 minutes, je me suis dit que nous ne pouvions pas rester jusqu’à l’aube comme cela. Je voulais créer une rupture quelconque afin qu’il se passe quelque chose. Un mot, une proposition, un échange d’information permettant de nous revoir.
Je lui dit alors que je devais partir avant que la station d’essence ne ferme.
Je lui ai lancé un « au revoir » neutre comme si j’allais revenir comme d’habitude prendre mon service alors que plus rien n’était supposé nous réunir.
Elle était restée muette et j’ai senti ses yeux posés sur moi alors que j’enlèvais le cadenas de ma mob.
Puis le dos tourné, j’entendiss mon prénom dans un souffle.
J’ai alors trouvé mon prénom, que j’ai toujours détesté, très beau.
Je me suis retourné vers elle. Nous étions à moins d’un mètre de distance.
Nous nous sommes regardé seulement deux ou trois secondes. Cinq mille messages se sont échangés dans cette simple orientation des pupilles. Nos visages se sont rapprochés et chacun a clairement su ce qu’il lui restait à faire. Nos lèvres se sont rencontrées. Nos mains se sont trouvées.
C’était la première fois que j’embrassais sur la bouche.
Ce baiser résume encore pour moi, à lui seul, l’amour qu’un homme et une femme peuvent se porter, et j’en garde aujourd’hui un souvenir exquis. Découverte indicible des sens où l’illusion que ce délicieux échange de salive est connu depuis toujours alors que son caractère inédit ne fait aucun doute. Tout ce qu’avait accumulé l’imagination de deux êtres vierges de telles sensations explosait dans une silencieuse jubilation.
Nous nous sommes promis de nous revoir. Je suis reparti sur ma mob. L’air qui glissait le long de mes joues prolongeait le souvenir de ces incroyables caresses. La ville, aux feux allumés pour moi, m’appartenait et l’Allier coulait pour moi. J’étais déjà riche.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeMer 5 Sep - 23:16

Nous nous sommes revus qu’une seule journée. Nous étions obligés de nous voir loin de la ville. A l’épouque, il n’y avait pas de moyens simples pour se joindre. Puis la vie, la société nous ont séparés.
Je retourne très rarement dans ma ville natale. Le déclin de cette ville, jadis brillante, me déprime.
Il y a quinze ans, alors que je rendais visite à mon père, nous parlions de l’évolution néfaste de cette ville. Mon père n’a jamais rien connu d’autre que cette ville à part un bref séjour à Paris pour appendre le métier de cuisinier. Il est finalement devenu maçon. C’est un as du second-œuvre, indépendant, travaillant très vite et bien.
Mon père a des mains en or et peut gagner au noir beaucoup d’argent en une seule journée. Son malheur, c’est qu’il est un vrai russe, instinctif mais n’ayant aucun goût pour la gestion, l’organisation. Il vit sur les décombres de cette ville, sur les chantiers de démolition, sur le troc et sur les magouilles.
Il m’apprend que l’hôtel où je travaillais a été en partie démoli et restructuré en résidence pour étudiants.
Je ne disais jamais rien à mes parents de mes aventures, surtout rien de mes aventures sentimentales.
J’écoutais donc mon père me parler de ses affaires. Je ne sais pas pourquoi il a voulu me donner plus de précisions sur cet hôtel. Mon père savait que j’avais travaillé dans cet hôtel et que Marie-Christine avait mon âge. Il m’a parlé du père de Marie-Christine. Il était devenu la risée la ville avec ses mignons un peu partout. Ses affaires partaient en déliquescence.
Le pauvre homme, lâcha mon père, il avait cru bien faire en mariant sa fille à un magnat de l’hôtellerie. Ce mariage avait été un échec et Marie-Christine s’était réfugiée dans l’alcool avant de se donner la mort.
J’ai reçu l’information, sans dire un mot, comme un coup de poignard. Une partie de moi était à présent dans un autre monde.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeJeu 6 Sep - 11:28

C'est triste.

Elle aurait dû divorcer ta copine. Nous sommes de la même génération et tu vois, je n'ai pas hésité à le faire, à 30 ans, malgré deux enfants petits et encore plus d'un an d'études. Les internes étaient rémunérés. On commençait à 6000 francs mensuel (en première année) pour finir à 9000 francs, la quatrième année. J'avais choisi la spécialité de biologiste car c'était la seule qui n'imposait pas l'hosto plein temps. Toucher 9000 francs pour un mi-temps me semblait bien payé. L'après-midi, nous étions censés suivre des cours, avec les internes en pharmacie, mais je n'y allais pas. Je demandais à des potes de me filer leurs notes et je bossais au lance-pierre quinze jours avant les partiels. Je m'en tirais avec la moyenne. Dès la naissance de notre second fils, mon mari et moi avions engagé une nounou plein temps qui faisait également le ménage. C'était peinard, sitôt rentrée de l'hosto, je me précipitais sur mon cahier à spirales et écrivais pratiquement toute l'après-midi. Je consacrais mes soirées à mes enfants et à mon homme.
J'ai rédigé mon premier roman à 29 ans, Le soleil rose, sur la base d'un journal intime de mes 22 ans. Cette vie me comblait malgré les claques, les étranglements, les projections, les réflexions méprisantes de mon jules et de ma belle-famille. Malgré les gardes de nuit (il y en a beaucoup en biologie). Je n'avais nullement l'intention de divorcer. Mon besoin d'écrire, je l'assouvissais enfin pleinement et il me protégeait de tout. Je passais mes samedi à jouer aux Playmobils avec les enfants, pendant que mon mari effectuait des remplacements de radiologie pour nous assurer une vie confortable. L'hiver nous partions skier une semaine, l'été quinze jours à la mer.
J'ai dû divorcer brutalement, à cause de l'agression terrible du 31 décembre 1991. J'ai même dû quitter le domicile familial, un bel appart, avec mes fils, jusqu'au procès de non conciliation le 16 février 1992. Quand nous sommes rentrés d'Aix en Provence où nous avait reçus mon oncle, l'appartement avait été dévasté. Mon mec avait laissé le minimum : une bibliothèque, une table, deux chaises, le frigidaire, la cuisinière, les deux lits des enfants et un matelas dans notre chambre. Je le raconte dans "Le Loft", mon troisième roman. On n'avait plus de télé, plus de canapé, plus de chaine hi-fi, plus de lave-vaisselle, plus de lave-linge... même plus d'abats-jour, les ampoules étaient nues !!!

Evidemment, mon ex ne voulait plus payer les 8000 francs mensuels de loyer. Mon père s'y refusait également, considérant que ce n'était pas son rôle. Et moi... J'avais fini l'internat hospitalier, je n'étais donc plus rémunérée, mais il me manquait deux examens à valider : l'immunologie et la parasitologie. Des TP à présence obligatoire. En principe, le cursus est sur un an : six mois pour l'un, six mois pour l'autre, à raison de deux après-midi de 4 heures par semaine. Je n'avais pas rédigé ma thèse non plus. La grosse galère !

Comment m'en suis-je sortie ?
- J'ai cessé de payer mon loyer, évidemment, j'ai reçu lettre recommandée sur lettre recommandée. Mon père a fini par céder, mais facilement huit mois plus tard.
- J'ai obtenu une pension alimentaire de 3000 francs mensuels pour mes deux fils.
- J'ai obtenu une dérogation du doyen de la fac pour valider mes deux derniers partiels en six mois au lieu d'un an (quatre après-midi par semaine)
- J'ai obtenu une dérogation du conseil de l'ordre pour travailler en santé publique, quatre vacations hebdomadaires (4000 francs nets mensuel), malgré que je n'étais pas encore diplomée.
- La nuit, je rédigeais ma thèse.

Nous vivions donc à trois avec 7300 francs net mensuels (allocs familiales inclus), mes deux fils à la maternelle. Je les faisais garder par une nounou le mercredi. Pas bezef, mais sans loyer, c'était jouable.

Nous avons tenu à ce rythme jusqu'en septembre 1993. J'écrivais également quelques articles pour le Quotidien du médecin.
J'ai fini mes études le 28 avril 1993 (soutenance de thèse, serment d'hippocrate en toge noire). Le 13 mai, je me suis présentée au culot au Panorama du médecin car le Quotidien ne me payait pas. J'avais entendu parler d'un certain Philippe Massol, rédac chef, j'ai menti à la standardiste :
_ Nous avons rendez-vous.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeJeu 6 Sep - 11:59

Ce 13 mai-là, je m'y suis rendue fringuante, confiante, en mini-jupe et talons hauts, avec la rage au ventre.

Mes fils et moi, on se privait de tout, de vacances, de vêtements, de jouets, de sorties... Je faisais les courses chez Ed et ramenais du jambon plein de gras et du faux Banania. J'en pouvais plus.

Miracle : Philippe venait de créer une nouvelle rubrique dans le canard ! Et il cherchait quelqu'un depuis la veille ! Il n'avait même pas encore poster d'annonce !!!

Un hasard comme celui-là s'explique mal. Je dois être protégée.

Il m'a dit OK de suite :
— Faisons l'essai, je vous demande pour la semaine prochaine un article de psychiatrie sur la dépression.

J'ai cherché dans l'annuaire des psy, j'ai interviewé le mec, et rendu mon papier dans les temps.

Philippe, très satisfait, m'a confié de plus en plus d'articles à rédiger.

En août, le canard (quotidien) n'était plus signé que de moi sur vingt pages. Hallucinant !

Mais j'en voulais ! Corvéable à merci. Philippe pouvait TOUT me demander. Même les aller-retours à Londres dans la journée, même les conférences de 20 h à minuit rue de Chine, de la cardio imbitable, j'assurais. Même les congrès de trois jours total english, j'assurais. Chacun d'entre eux me rapportait dix mille francs nets.

J'ai touché un très très gros chèque en septembre.

L'autre connard de proprio, je pouvais plus le saquer. Mon bel appart vide, je le supportais plus. J'ai déménagé le premier octobre pour un endroit plus chic, mes fils sous le bras.

Echaudé, mon père n'a pas voulu se porter caution, Philippe l'a fait (merci encore).

Je suis alors devenue très riche.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeJeu 6 Sep - 12:23

Une anecdote à propos de ma soutenance de thèse, le serment d'hippocrate, en toge noire (vachement trop grande pour moi, on voyait pas mes mains).

A un moment, il faut dire, le bras levé :
— Je donnerai mes soins gratuits...

Et moi, j'ai bafouillé, enfin, ma langue a fourché, et j'ai dit devant mon public, le jury, mon père, ma mère, quelques amis :
— Je donnerai mes SEINS gratuits !!!

Ouh la boulette !!!

Mais j'ai tout de même obtenu la médaille de bronze, ce qui me permet maintenant de graver une plaque sur le mur à l'entrée de mon immeuble :

"Dr CJ, Lauréate de la Faculté de Paris"
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeJeu 6 Sep - 12:24

Sauf que j'en ai rien à foutre car je ne veux plus bosser.

J'suis écrivain et pas médecin.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeJeu 6 Sep - 12:37

Je ne PEUX plus ausculter un malade. Je ne PEUX plus le prélever. Je ne VEUX plus savoir de quoi il souffre.

Je suis devenue totalement allergique à la maladie, à la douleur. Je ne supporte plus l'ambiance des hôpitaux, cette odeur de pisse, de merde et d'éther. Perso j'ai mal nul part et ça suffit.

Ma mère m'a obligée à suivre ces études, comme elle m'a obligée à épouser mon mari.

Or maintenant, le rejet est total, je n'arrive même plus à écrire un article médical.

Faut que je trouve un autre job, car sinon, c'est moi qui vais tomber malade.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeVen 7 Sep - 9:27

personnellement je n'exploite 1/100 ème des connaissances acquises en école d'ingénieur.

finalement, je m'en fous.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeVen 7 Sep - 10:48

Oui, tu avais tes preuves à faire, si j'ai bien compris la modestie du milieu dont tu es issu. Il te fallait te rassurer sur ton éventuel potentiel. T'élever dans la "société".

Moi, c'est un peu pareil. J'ai fait médecine parce que j'étais studieuse et plutôt douée (une excellente mémoire). Les études me réussissaient, en revanche, j'étais très malade dans la tête. Très angoissée, suicidaire, dépressive chronique. A 13 ans, je buvais déjà de l'alcool pour me détendre. Ma première tentative de suicide date de mes 16 ans. A 17 ans, je passais mes nuits à danser au Bus Palladium et à lever des mecs. J'ai vu le coup qu'il me fallait un cadre plus que sérieux pour m'éviter de sombrer dans les excès (que je racontais, du reste, dans mes petits cahiers à spirales). Des rails sans concession. Or, médecine, y'a pas mieux pour te remettre au pas. Jamais de loisir, trop de boulot, très peu de lumière, comme en prison.

Je voulais cinq enfants. Dès ma première année d'externat, mon interne m'a demandé :
— Pourquoi as-tu choisi cette voie ?
— Pour rencontrer un toubib, me marier, et élever nos cinq enfants.

Je n'avais AUCUNE ambition professionnelle (j'aimais qu'écrire).
Mère de famille me semblait le plus beau métier du monde, et pas incompatible avec l'écriture.

Mais quand on est brillant dans ses études, y'a des pressions constantes :
T'es bonne en maths, t'es bonne partout, fais le bac scientifique
T'as obtenu le bac les doigts dans le nez, inscris-toi en médecine
Maintenant que tu as obtenu le concours d'entrée, faut continuer
Tu te vois généraliste ? Passe le concours de l'internat
T'as eu le concours de l'internat, ouvre un labo...

De fil en anguille, tu te retrouves avec un job que t'as pas choisi du tout : médecin biologiste.
Et tu l'exerces pas. Et au lieu de gagner 150 000 euros annuels, tu déclares aux impots tes Assedic : 8600 euros cette année.

Je suis très juste financièrement, mais j'écris. Je suis retombée sur mes pieds.

Mat veut être avocat, c'est un choix personnel (il entre en troisième année de droit à Assas)
Sim veut être ingénieur, c'est un choix personnel (il vient d'intégrer la prépa de St Louis)
Marie Charlotte veut être styliste, c'est un choix personnel. En sixième au collège depuis mardi, elle a le temps de voir venir.

Je ne leur impose RIEN.

Je n'ai pas eu mes cinq enfants, j'ai avorté deux fois, à 20 et 36 ans. Pas les moyens, pas de mec à la hauteur.
Mais bon, trois c'est déjà pas mal.
Trois qui vont bien. Qui ne sont pas malades dans leur tête.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeVen 7 Sep - 11:24

Mon appart dont je suis proprio (enfin, encore 10 ans de crédit) croûle sous le matériel.

Mes placards regorgent de fringues jusqu'à la fin de mes jours. Chacun de nous quatre a son ordi et la free-box. Quatre tel, on a, quatre lignes.
Les Playmobils sont au grenier, nos deux caves sont pleines.

Il ne me reste plus qu'à payer le tel, l'EDF, le GDF, le crédit appart, les cantines, les assurances scolaires, les assurances santé, l'assurance de l'appart, la taxe d'habitation..
Et la bouffe. Et les clops.

J'ai pas de bagnole. On navigue, mes fils en bus et métro (carte Navigo), moi en moto.
La petite est à 50 mètres de son collège.

Même les vacances, je m'en tape. J'aime pas ça. J'en ai pas besoin.

Je nous ai construit un univers grâce à l'argent, bien sûr, j'ai bossé comme un âne pendant quelque trente années.

Mais là, j'suis fatiguée et y'a pas que ça.

Là, j'avais besoin d'un homme, urgemment, d'un homme sérieusement épris. Pas d'un clampin que j'accueillais de justesse presque par pitié.

J'ai rencontré bogoss.
On s'est mariés hier.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeSam 8 Sep - 13:37

Comment passe-t-on de très riche à moins riche, puis de moins riche à smicarde ?

J'avoue qu'il faut de rééls talents !
Si quelques hommes m'ont aidée à faire fortune, d'autres m'ont fait de sales coups vaches, sans même le souhaiter...

La roue tourne, de toutes façons.

Parmi les hommes qui m'ont aidée, j'ai déjà cité Philippe, qui ressentait certainement un p'tit béguin pour moi. Pour ma vivacité d'esprit, il adorait mon culot et ma plume, il s'appropriait même mes éditoriaux.
Les dérogations et les vacations citées plus haut, je les ai obtenues de mon patron de l'époque, que j'appelle Gildas Boncoeur dans mes livres. En deux ans, je lui ai consacré quatre tomes de "La malediction". Lui aussi aimait me lire, et je crois qu'il me désirait.

Mes ces deux-là étaient des types très bien, mariés et fidèles, amoureux de leur femme, heureux en couple. Boulot, boulot : aucune ambiguité.

Mon père s'est chargé de payer mon divorce.

En juillet 1993, légalement libre depuis mai, je me suis rendue à une conférence de presse à la Défense. Le Panorama ne me payait pas encore, j'avais pas fait assez de piges. Or la banque me réclamait trois mille francs d'urgence. Philippe s'était trompé, je n'avais rien à foutre dans cette conférence vu qu'on avait pas obtenu le budget du labo (un vaccin très connu).

Tant pis, j'y étais, j'ai accepté de participer au dîner organisé au Fouquet's. Je me suis retrouvée assise en face d'un très bel homme, d'une dizaine d'années plus âgé que moi, souriant, très élégant, comme je les aime. Jolies lunettes, jolie montre, jolie malette.
Je me suis dit : "Les voilà mes 3000 balles".

J'ai tenté le coup, sans me forcer car il était vraiment très beau. Il respirait la gentillesse, la bonne éducation. Je l'ai séduit par mon sourire, mon sens de la répartie, je l'ai fait rire. Et après le dessert, quand chacun s'est levé de table, il m'a demandé :
— Savez-vous comment rejoindre Paris, puisque j'ai cru comprendre que vous habitiez Paris ?
— Je compte prendre un taxi
— Partageons-le, mon hôtel m'attend à Paris

Dans le taxi, j'ai osé poser ma main sur sa cuisse. Il n'est pas resté insensible.
Devant chez moi, il m'a roulé une pelle d'enfer, m'a demandé mes coordonnées.

Michel m'a rappelée le lendemain, de Lyon, son lieu de résidence.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeSam 8 Sep - 13:58

Il s'est cassé le cul pour revenir la semaine suivante, c'était le directeur marketing du labo.

Il m'avait appelée tous les jours pour convenir d'un rendez-vous. J'ai imposé mes conditions : "OK, RV mardi prochain si vous voulez, mais à l'hôtel, et pas n'importe lequel."

Ca lui coutaît pas cher, il passait ça en note de frais.
Je n'ai finalement pas soutiré un franc à cet homme car mon premier chèque du Panorama est arrivé à temps.
Mais je me suis attachée à lui.

Marié à une dentiste qu'il ne sautait plus (enfin, selon ses dires), il se débrouillait pour monter à Paris tous les mardi me baiser à l'hôtel.
Et on s'entendait bien au plum et je l'aimais bien. Il me proposait de super restos, de super vins, de super cartes, de supers hôtels. Et on changeait tout le temps, ça m'éclatait.

Il était complètement raide dingue de moi !

Et pis y'a eu les vacances d'août et il les a passées à Royan, avec femme et enfants (il avait deux grands fils).
Il m'appelait tous les matins, d'une cabine, à l'occasion de son footing.

Et au bout de 18 jours d'absence, il a commencé à me manquer. Et à me faire souffrir par son absence.

Souffrir au point que fin août, j'en voulais plus.

En septembre, j'ai dit par téléphone que les hommes mariés ne me rendaient pas heureuse. Je voulais rompre, malgré sa gentillesse et l'affection que je lui portais. A cause de sa gentillesse et de l'affection que je lui portais.

Il m'a imposé un dernier rendez-vous, à l'hôtel, il avait des cadeaux pour moi, il voulait retenter sa chance.

Ca s'est très mal passé.
A un moment, sur le lit, je me refusais à lui, je refusais même qu'il me touche, et il a enserré ses mains autour de mon cou.

LA GRAVE ERREUR DEFINITIVE.

Je l'ai frappé et me suis enfuie.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeSam 8 Sep - 14:32

Dès lors, je n'ai plus répondu à ses appels tel.

Mais lui voulait ABSOLUMENT me reconquérir.

Il a donc "transvasé" le budjet de son fameux vaccin du concurrent chez nous, l'humble Panorama du Médecin. De l'ordre de 70 000 francs par jour, une page de pub pleine, format A3.

OUF !!!!

Philippe m'a envoyée aux conférences de presse cette fois adaptées, donc j'ai recroisé Michel.

Quasi obligée de m'asseoir à côté de lui à table.

Et un midi, au Prince de Galles, devant tout le monde et entre deux mignardises, Michel a toasté :
— Ce budjet, c'est Catherine, ici présente à mes côtés, qui l'a décroché.

La gueule des commerciales !!! Je ne savais plus où me mettre....

Décroché avec mon cul, ouais !!! Tu parles d'une pub !!!

J'en demandais pas tant ! Quelle preuve d'amour !


Philippe m'a convoquée le lendemain dans son bureau. Premier avertissement.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeDim 9 Sep - 12:34

J'adorais ce métier. Je n'étais que pigiste mais comme je "pigeais" vite, Philippe m'envoyait partout et je gagnais le double d'un rédacteur temps plein débutant (junior).
Je ne passais au journal qu'une fois par jour, histoire de saluer la compagnie et de déposer ma disquette. Le reste du temps, j'étais en goguette, je couvrais les congrès parisiens dans toutes les spécialités, j'étais invitée au resto matin, midi et soir. Les conférences de presse s'effectuaient dans des hôtels de luxe, au centre de la capitale, au Coste, au Prince de Galles, à L'international... On m'y déroulait le tapis rouge. Je rédigeais les textes chez moi. Je m'étais offert un ordi, un fax et un téléphone enregistreur. Je décryptais chez moi les interviews.

Ma préférence : les déplacements. En deux ans, j'ai visité toute l'Europe. Il m'arrivait de couvrir quatre évènements par mois, soit huit allers-retours en avion première classe, champagne au décollage, 45 000 francs nets à l'arrivée.

Les commerciales du journal étaient très jalouses de moi, depuis le vaccin, elles m'avaient à l'oeil. Philippe m'avait recommandée d'être plus discrète sur mes frasques. Je me suis donc débrouillée pour ne plus "déchaîner de passions".
A chaque congrès, je rencontrais quelqu'un, un ponte en général. Les hommes brillants m'ont toujours fascinée, les puissants. Je jetais mon dévolu sur le plus à l'aise derrière le micro, le plus intelligent. C'était souvent aussi le plus beau, le plus élégant, le plus vif. J'écoutais avec attention son speech, m'asseyais à côté de lui à table (on mange tout le temps dans les congrès, des repas de gala) et hop : je posais mes questions de journaliste.

Et hop, on se retrouvait au lit le soir-même.

Pour la plupart mariés, ces toubibs profitaient des congrès pour dévier de leur routine matrimoniale. La conscience tout à fait tranquille, cela m'a toujours épatée : il suffisait de claquer des doigts pour partager leur couche.

Grâce aux congrès et aux parties de jambes en l'air, je me suis retrouvée avec un book énorme : le chef de service de cardio, le chef de service de rhumato, le chef de service de pneumo...
J'obtenais ensuite, de Paris, toutes les interviews que me demandait Philippe. Ils gardaient tous un bon souvenir de moi, j'étais pas chiante, discrète, pas collante... D'un tacite accord, l'histoire de cul n'aurait pas de complications.

Je ne voyais pratiquement plus mes fils, gardés par ma fidèle nounou Maria, mais l'appartement se meublait à la vitesse grand V et je leur payais de qu'ils voulaient et j'étais épanouie et je leur ramenais les échantillons des hôtels chics qui m'avaient reçue, deux à trois nuits en moyenne, passées dans des quatre étoiles, entre les bras d'un type gentil et respectueux.


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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeDim 9 Sep - 12:58

En juin 1994, Philippe m'envoie à Barcelone cinq jours, pour un congrès de neurologie.

Superbe hôtel comme d'hab, suite, mini bar à volonté, piscine privée, je bronze toute la journée car mon taf se résume à couvrir une conférence de presse de deux heures à mi-séjour. Je dois également séduire (par mon intelligence et sans faux pas) le directeur marketing du labo A. pour obtenir le budjet de sa campagne sur un nouvel anti-parkinsonien.

Le faux pas risquait pas, je trouvais ce type moche et con, balourd. Mais bon... Boulot, boulot. Visiblement sous le charme, il (appelons-le Marcus) venait me rejoindre au bord de la piscine, et devenait chaque jour plus rouge. Incandescent.

Le dernier soir, le labo A. a organisé un énorme dîner sous les voutes du célèbre Museum dont je ne me souviens plus, présentement, du nom.
Fallait encore que je me coltine Marcus, donc je lui ai gardé une place à table à côté de moi, vêtue ultra sexy, mais surtout très intelligente.

Les 150 tablées se sont peu à peu remplies, "on" nous a obligés à visiter à tour de rôle la "péniche" centrale, le clou du musée, un trois mats de l'époque des flibustiers, et sur un air de jazz, dans la foule, j'ai perdu Marcus de vue.

J'étais bien, moi, j'avais pas rempli mon contrat et me retrouvais entourée des commerciales du labo A. avec un grand trou vide, la chaise sur ma droite.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeDim 9 Sep - 13:21

C'est alors qu'un grand type a déboulé. Plus d'un mètre 85 à vu de pif et à l'odeur très forte. Mince, bien foutu, une belle gueule d'amerlock à la Gary Grant. Elégant, de jolis gestes classieux mais il transpirait grave.

J'ai pensé :
— C'est qui ce con ? Il va me faire foirer ma mission.
— Je peux m'asseoir ? Seule cette place est libre.
Perso, j'aurais dit non, mais les commerciales du labo l'ont courtoisement invité.

Je raconte notre histoire dans "Barcelone, Paris, Londres", bientôt chez Kti.

Après avoir salué tout le monde, Jérôme s'est présenté : il venait d'être nommé professeur en neurologie, à 38 ans, il finissait son cursus à l'hôpital d'Hammersmith, à Londres. Il suivait le congrès depuis son début et avait présenté un poster sur ses travaux de chercheur concernant la paralysie progressive familiale.
J'en avais pas grand chose à foutre mais un détail de taille a éveillé mon intérêt : il connaissait personnellement le Directeur Général de mon canard. Depuis l'enfance.

Bon, j'avais perdu Marcus, mais fait une autre touche. Je rentabilisais enfin mon séjour.

La suite, eh ben... faut lire mon livre... On a fini au plum le soir-même.

Pour moi, c'était un coup, son odeur me déplaisait franchement.
Lorsqu'il m'a embrassée une fois dehors, sur les Ramblas, j'ai détesté sa salive. Mais j'ai pensé : on s'habitue à tout, il est gentil, et beau, et très intelligent, alors ça devrait le faire.

J'ai failli raté mon avion le lendemain, après une totale nuit blanche, je suis arrivée en catastrophe à l'aéroport. Je rentrais à Paris, lui à Londres et à 18 heures, il m'appelait.


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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeDim 9 Sep - 13:46

Le lendemain, j'ai reçu un bouquet de 21 roses rouges posté par Interflora, accompagné d'un télégramme :
— Il m'est urgent de te revoir. Vendredi prochain, ça te va ?

(Oulah lah !!!! Dans quel panneau j'étais encore tombée ! Dans quel piège à conne !)

Le surlendemain, deux appels de Londres.

— Je t'aime, on se voit vendredi ? J'aurai tout le week end. Tu me reçois chez toi ?

(Oulah lah !!! Le flip total pour moi)

— J'en profiterai pour visiter mes parents, ils habitent porte Maillot et longtemps qu'ils ne m'ont pas vu... T'es OK, ma chérie ?

(Oulah lah !!! Sa "Chérie", comme il y va !)

— Je dépose ma valise chez toi, je les salue, et on passe la nuit ensemble.

Le surlendemain :
— Je t'aime, je t'aime... J'ai hâte d'être vendredi (trois tels de Londres)


(Oulah lah !!! Moi je n'ai hâte de rien du tout...)


Et le fameux vendredi arrive et quand il sonne avec sa valise, j'étais en train de pioncer. Philippe m'avait filé un tas d'articles à rédiger et j'avais pas même eu le temps de changer l'eau de ses roses.

Une fois sa valise chez moi, visite aux parents, retour, je m'étais rendormie, claquée.

Il m'a profondément honorée et m'a lancé d'un coup :
— Je veux t'épouser, t'es la femme de ma vie. Je ne me suis jamais marié, je n'ai même jamais eu de fiancée, mais toi, tu es pour moi.

(Attends bonhomme, pas une semaine qu'on se connaît...)

— J'suis SÛR de moi !
Je reviens la semaine prochaine, je te présente à mes parents. On se fiancent.

(Gloops !)

— Et à la rentrée, on se marie !


(BEURKKKK)
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeJeu 13 Sep - 17:28

Le lendemain samedi, il nous a accompagnés, mes fils et moi, à la fête de leur école, prévue depuis des lustres.

J'étais pas peu fière à son bras, il dégageait un max. Mais mes deux garçons l'ont pris d'emblée en grippe.
Il leur donnait des ordres, comme s'il les connaissait depuis toujours :
"Reviens à table ! Cours pas partout comme ça ! Finis ton assiette !"

J'ai pas aimé du tout, j'avais hâte de rentrer chez moi et de le reconduire à la porte.

A peine reparti : "Je t'aime, je t'aime" (moi pas), à peine arrivé à Londres (ouf, bon débarras !), il appelait (Et merde !) :

— Je ne peux plus me passer de toi. Tu n'as pas tes enfants en juillet. Je t'offre le billet d'avion et tu viens me rejoindre pour un périple d'une semaine au Royaume-Uni. La semaine suivante, je t'héberge dans la jolie maison que j'ai loué.

Mouais, j'étais pas très chaude, mais lui de rappeler, de rappeler, jusqu'à trois fois par jour :

— Tu vas voir, on va bien s'amuser. Je t'aime, je suis FOU de toi !

Je ne connaissais pas le Royaume-Uni, sous la pression, j'ai fini par céder. Bof, pourquoi pas, après tout, le Pano fermé en juillet, aucun article en vue.

Tous les jours, il me bombardait de coups de fil. Il avait prévu de me présenter ses parents la veille du départ, pour des fiançailles officieuses.
Bof, pourquoi pas.

Je raconte le détail de notre périple en R5 dans mon roman "Barcelone-Paris-Londres".

Mais ce topic parle d'argent, alors je vais résumer :

Cet homme fou de moi m'a plombé mon super job car il a demandé à son ami d'enfance (Le directeur général du Pano) de me trouver un poste de rédactrice à Bruxelles. Il lui a tel sans même m'en prévenir. Pourquoi Bruxelles ? Parce qu'il venait d'y être nommé professeur en neurologie, juste après Hammersmith.

Or je l'ai quitté en août, après le fameux périple.


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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeJeu 13 Sep - 17:47

Il payait tout, c'est vrai : l'avion, l'essence de la bagnole, les bed and breakfast, nos points de chute le soir, qui sont peu à peu devenus des hôtels de luxe...

Mais je ne supportais pas son odeur : il se douchait matin et soir, on prenait même des bains ensemble, mais il puait foncièrement. Toutes ses sécrétions puaient : sa sueur, sa salive, son sperme...

Et comme il payait tout, je me sentais pute.
Fallait le sucer dès le réveil, fallait pas qu'un autre homme me regarde, fallait accepter qu'il me prenne à tout moment, même dans les chiottes de stations services immondes de crasse, fallait que je m'habille en nonne, fallait que je ferme ma gueule et que j'écarte les cuisses sitôt qu'il se mettait à bander.

Il m'a très vite saoûlée.

Le périple m'a plu, en revanche, les paysages d'Ecosse sont magnifiques, l'âpreté des Highlands, les saumons qui bondissent et s'amusent en eau trouble, le Monstre du Loch Ness...
Les petits déjeuners anglais, toasts beurrés au sel, confiote au choix et jus d'orange. J'avoue que je me suis régalée.
Revenus à Londres, nous avons surtout fréquenté le quartier français avec des resto délicieux. J'ai même pris trois kilos.

Mais cet homme n'était pas le mien et la rupture a été difficile.

Philippe m'a convoquée dans son bureau : deuxième avertissement.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeVen 14 Sep - 12:57

En mars 1995, Philippe m'envoie couvrir le congrès de Gastro-Entérologie à Nantes.
Pour trois jours et deux nuits, je suis logée à l'hôtel Ibis, munie de mon Mac portable.

Fallait rédiger le soir-même les conférences du jour, je choisissais les sujets, et faxais le lendemain mes articles du bureau de presse du palais des Congrès.

La routine, quoi.

Sauf que j'étais sur trois coups car deux autres patrons, en free-lance, attendaient un papelard de moi sur la conférence de presse du labo Z.

J'ai donc demandé trois dossiers à l'entrée du dîner organisé le dernier soir par le labo Z, superbement bien vétue, crâneuse, sans doute (en congrès, on bouffe tout le temps, ça fait partie du job, et je m'impose les talons hauts et la robe Laroche, ça fait partie de MON job).

Trois dossiers de presse !! La réceptionniste a tiqué.

Un évènement particulier m'avait choquée après le repas de midi.
Dans la salle principale (3000 fauteuils), le sujet du jour portait sur les agressions sexuelles de l'enfance. Or, j'y suis très sensible, fallait que je le couvre.

Mais comme je naviguais de salle en salle, entre les hémorroïdes et le reflux gastro-oesophagien, je n'ai pu m'installer aux premières loges.

De loin, j'ai entendu un speech sur la constipation et j'en suis pas revenue.

Au moment des questions, un mec (toubib de Province) a crié dans le micro :
"Les petites filles ne sont pas constipées par hasard... C'est leur gros ventre balonné qui attire l'obscédé sexuel, et le meilleur soin pour elles : une bonne bite bien grasse !"

J'ai cru rêver ! J'avais mal entendu !
Mais des Belges derrière ont confirmé :
"Oui, oui, ce type a dit ces mots"
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeVen 14 Sep - 13:36

Ces mots m'ont perturbée toute la suite du congrès.

Ils me tournaient en boucle dans la tête "Une bonne bite bien grasse" !!!

Et le soir-même, la veille de mon départ, mes trois dossiers de presse sous le bras, j'étais vachement nouée.

Invitée à dîner par le labo Z, je n'arrivais pas à avaler le somptueux repas. Impossible.

On m'a servi du vin, j'ai bu à jeun, impossible de macher ni d'avaler. Je crois que c'était du poisson, des moules, des huitres, impossible ...

J'ai demandé à la tablée, des pontes, s'ils avaient entendu comme moi :
"Grosse bite bien grasse"...

Malaise.

Quand je suis enfin rentrée at home, six messages de Philippe m'attendaient sur mon répondeur.
Le Labo Z portait plainte contre moi, pour "propos obscènes".

Je n'avais fait que dénoncer, mon job de journaliste. J'étais moi-même outrée.

Je n'avais fait que citer un connard...... Mais la loi du silence, je la connaissais pas.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeVen 14 Sep - 13:58

A partir de ce jour là, Philippe m'a interdite de conférence de presse.

Me restait plus que les interviews.

J'avais perdu, en un congrès bidon à Nantes, 50% de mon salaire.


Je n'étais plus très riche, juste riche.

J'ai couché en février 1996 avec le père de ma fille, qui m'a donné ma fille en moins de douze jours. (Lire "L'affaire MCJ", bientôt chez Kti).

Je l'en remercie, car Marie est géniale.

Mais à partir de là, j'ai dû me battre à donf pour maintenir notre train de vie.
Or, cerclée, abandonnée par le père, j'ai dû travailler allongée, pas simple.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeVen 14 Sep - 16:19

Le pano, quotidien, est devenu bi-hebdo.
Pigiste, j'ai sauté en première ligne.

Je suis passée de 45 000 à 20 000 puis de 20 000 à 6000 .

Mais là, j'étais enceinte de Marie,



ALORS JE LES ENCULAIS TOUS.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeVen 14 Sep - 16:30

Mon père s'est proposé à me payer un appart.

Il a donné 800 milles francs, à moi de faire le reste sur un million cinq.

(T'as qu'un deux pièces pour 800 milles, or j'avais trois enfants à loger, quatre pièces minimum)

J'ai bien galéré, de banques en banques, mais j'y suis parvenue.

Chacun sa chambre, j'ai pris des tas de crédis, j'y suis parvenue.
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MessageSujet: Re: Riche   Riche Icon_minitimeVen 14 Sep - 16:42

Oui, j'ai ramé, avec trois gosses en très bas âge.

Je suis fière de moi.

Et qu'on ne me parle plus d'amour, car l'amour j'y crois pas.


Je me suis démerdée toute seule, avec de pauvres chèques minimalistes de mon père.

Je lui en veux, maintenant que je connais sa fortune.

J'ai sucé des bites sales, contre mon gré, pour 1000 euros, pour payer mon loyer, pour payer des fringues à ma fille, des bouquins scolaires à mes fils.

C'est innommable.

Il est maintenant Alzheimérien, mon père. Qu'il crève !

On n'impose pas de telles souffrances à sa fille.
C'est innommable.
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